RT 3.1.1 Températures moyennes mondiales
2005 et 1998 sont les deux années les plus chaudes depuis le début de la période de mesures instrumentalisées de la température de surface de l’air, c’est-à-dire 1850. Si le phénomène El Niño de 1997–1998 a fait augmenter les températures superficielles de 1998, on n’a pas observé d’anomalie aussi marquée en 2005. Onze des douze dernières années, soit la période 1995 à 2006 – l’exception étant 1996 – se classent parmi les douze années les plus chaudes de la série de mesures depuis 1850. {3.2}
La température superficielle moyenne mondiale a augmenté, particulièrement depuis 1950 environ. La tendance sur 100 ans (1906–2005), de 0,74°C ± 0,18°C est plus grande que la tendance de réchauffement sur 100 ans au moment du TRE (1901–2000) de 0,6°C ± 0,2°C, à cause de ces années chaudes supplémentaires. L’augmentation totale de la température de 1850–1899 à 2001–2005 est de 0,76°C ± 0,19°C. Le taux de réchauffement moyenné pendant les cinquante dernières années (0,13°C ± 0,03°C par décennie) est presque deux fois supérieur à celui des cent dernières années. Trois évaluations mondiales différentes présentent toutes une tendance cohérente au réchauffement. Il y a aussi une cohérence entre les jeux de données correspondant à leurs domaines terrestres et océaniques pris séparément, et entre la température superficielle de la mer (TSM) et la température nocturne de l’air marin (cf. Figure RT.6). {3.2}
Des études récentes confirment que l’urbanisation et le changement d’affectation des terres n’ont qu’un effet négligeable sur les mesures mondiales des températures (moins de 0,006°C par décennie sur la terre et zéro sur l’océan) tant pour les moyennes hémisphériques qu’à l’échelle continentale. Toutes les observations sont sujettes à des contrôles de qualité et de cohérence afin de corriger d’éventuels biais. Les effets réels mais locaux des zones urbaines sont pris en compte dans les jeux de données de température au niveau du sol. L’urbanisation et les effets de l’utilisation de terres ne permettent pas d’expliquer le réchauffement océanique observé. C’est par contre avec de plus en plus d’assurance que l’on peut affirmer que les ’îles de chaleur urbaines affectent tant les précipitations, la nébulosité que l’amplitude diurne de la température. {3.2}
La moyenne mondiale d’ADT a arrêté sa chute. Sa diminution était estimée à environ 0,1°C par décennie dans le TRE, pour la période couvrant les années 1950 à 1993. Les dernières observations révèlent que l’ADT n’a pas changé de 1979 à 2004 et que les températures moyennes de jour comme de nuit ont augmenté de la même manière. Les tendances sont fortement variables d’une région à l’autre. {3.2}
Les nouvelles analyses par radiosonde et les mesures satellites de température dans la troposphère inférieure et moyenne présentent des taux de réchauffement généralement cohérents entre eux et avec les mesures de température à la surface pour les périodes 1958 à 2005 et 1979 à 2005, en tenant compte de leurs incertitudes respectives. Un écart important rencontré dans le TRE trouve ainsi sa résolution (cf. Figure RT.7). Les mesures par radiosonde sont nettement moins étendues dans l’espace que les mesures à la surface, et il est de plus en plus probable que certains jeux de données par radiosonde ne sont pas fiables, particulièrement sous les tropiques. Des disparités persistent parmi différentes tendances de la température dans la troposphère évaluées à partir du satellite d’Unité de sondage micro-ondes (MSU) et des mesures MSU avancées depuis 1979, toutes contenant probablement encore des erreurs résiduelles. Cependant, les évaluations de tendance ont été considérablement améliorées et les différences entre les jeux de données réduites depuis le TRE, par des réajustements lors des changements de satellite, de déclins d’orbites et de déviations dans les données temporelles locales (effets de cycles journaliers). Il apparaît que la mesure de la température troposphérique par satellite est largement compatible avec les tendances de température à la surface, si l’influence stratosphérique sur le canal MSU 2 est bien prise en compte. Le réchauffement mondial à la surface depuis 1979 estimé à partir de différents jeux de données est de 0,16°C à 0,18°C par décennie, comparé à 0,12°C à 0,19°C par décennie pour les évaluations tirées des températures troposphériques MSU. Il est probable que le réchauffement augmente avec l’altitude depuis la surface pour une grande part de la troposphère sous les tropiques, avec un refroidissement dans la stratosphère et une tendance vers une élévation de la tropopause. {3.4}
Des évaluations de températures stratosphériques par radiosondes ajustées, par satellites et par réanalyses convergent toutes qualitativement pour affirmer un refroidissement de l’ordre de 0,3°C et 0,6°C par décennie depuis 1979 (cf. Figure RT.7). Des enregistrements par radiosonde sur une plus longue période (remontant à 1958) font également montre d’un refroidissement stratosphérique, mais sont soumis à des incertitudes instrumentales substantielles. Le taux de refroidissement s’est accru après 1979 pour ralentir au cours de la dernière décennie. Il est probable que les enregistrements par radiosonde surestiment le refroidissement stratosphérique, car certains changements de sondes n’ont pas encore été pris en compte. Les tendances ne sont pas uniformes, à cause des épisodes de réchauffement stratosphérique qui suivent les éruptions volcaniques majeures. {3.4}