IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007
Rapport du Groupe de travail I - Les éléments scientifiques

RT.3.3.1 Changements de l’enthalpie et de la circulation océaniques

Les océans du monde se sont réchauffés depuis 1955, et sont responsables, au cours de cette période, de plus de 80% des variations de la capacité énergétique du système climatique de la Terre. 7,9 millions de profils verticaux de température océanique au total permettent de construire des séries temporelles globales améliorées (cf. figure RT.16). Les analyses du bilan de chaleur océanique mondial ont été reproduites par plusieurs analystes indépendants et sont bien établies, ne dépendant pas de la méthode utilisée. Les limitations d’étendue des données nécessitent des moyennes sur des décennies pour l’océan profond, et on ne comprend pas entièrement la variabilité de l’enthalpie mondiale à l’échelle de la décennie. Cependant, les inadéquations dans la distribution de données (particulièrement la couverture des mers du sud et du Pacifique Sud) pourraient contribuer aux variations observables de l’enthalpie à l’échelle de la décennie. Pendant la période 1961 à 2003, la couche océanique entre 0 et 3000 m a emmagasiné environ 14,1 × 1022 J, l’équivalent d’un réchauffement moyen de 0,2 W m–3 (par secteur d’unité de surface de la Terre). De 1993 à 2003, le taux correspondant de réchauffement dans la couche océanique de 0 à 700 m était plus élevé, environ 0,5 ± 0,18 W m–3. Par rapport à la période 1961 à 2003, la période 1993 à 2003 a présenté des taux de réchauffement élevés, mais 2004 et 2005 ont été plus frais que 2003. {5.15.3}

Figure RT.16

Figure RT.16. Séries temporelles de l’enthalpie océanique mondiale (1022 J) pour la couche océanique allant de la surface à 700 m de profondeur. Les trois lignes colorées représentent des analyses indépendantes des données océanographiques. Les courbes noire et rouge dénotent la déviation de la moyenne de la période 1961–1990 et la courbe verte plus courte dénote la déviation de la moyenne de la courbe noire pour la période 1993–2003. La plage d’incertitude à 90% de la courbe noire est représentée par la zone grisée, et par les barres bornées pour les deux autres courbes. {Figure 5.1}

Le réchauffement est répandu sur une couche allant de 0 à 700 m de profondeur sur tous les océans du globe. L’Atlantique s’est réchauffé au sud de 45°N. Le réchauffement pénètre plus profondément dans le bassin océanique atlantique que dans le Pacifique, dansl’Océan indien et l’océan austral, en raison de la cellule de circulation thermohaline profonde qui se produit en Atlantique Nord. Les données disponibles sur le système de circulation thermohaline en eaux profondes de l’hémisphère sud font état de peu de variations. Cependant, les couches supérieures de l’océan austral contribuent fortement au réchauffement climatique. Au moins deux mers aux latitudes subtropicales (la Méditerranée et la Mer de Chine orientale / du Japon) se réchauffent. Alors que la tendance générale est au réchauffement, des variations significatives à l’échelle de la décennie ont été observées dans les séries temporelles mondiales, et il y a de grandes régions où les océans se refroidissent. Des parties de l’Atlantique nord, du Pacifique nord et du Pacifique équatorial se sont rafraîchies pendant les cinquante dernières années. Les changements observés dans l’océan Pacifique montrent des modèles spatiaux de type ENSO liés en partie à l’ODP. {5.2, 5.3}

Si certains éléments du flux méridional atlantique présentent une variabilité considérable à l’échelle de la décennie, les données ne suivent pas de tendance cohérente en matière de flux. {5.3}