IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007
Rapport de synthèse

3 Le changement climatique et ses incidences à court et à long terme selon divers scénarios

3.1 Les scénarios d’émissions

Vu les politiques d’atténuation et les pratiques de développement durable déjà en place, les émissions mondiales de GES continueront d’augmenter au cours des prochaines décennies (large concordance, degré élevé d’évidence[9]). Les plages d’émissions anticipées dans les scénarios de référence publiés après la parution du Rapport spécial du GIEC sur les scénarios d’émissions (SRES, 2000) sont comparables à celles qui sont présentées dans celui-ci (voir l’encadré sur les scénarios SRES et la figure 3.1).[10] {GT III 1.3, 3.2, RiD}

Scénarios d’émissions de GES pour la période 2000–2100 en l’absence de politiques climatiques additionnelles

Figure 3.1

Figure 3.1. Émissions mondiales de GES (en Gt équiv.-CO2 par an) en l’absence de politiques climatiques additionnelles : six scénarios illustratifs de référence (SRES, lignes colorées) et intervalle au 80e percentile des scénarios publiés après le SRES (post-SRES, partie ombrée). Les courbes en pointillé délimitent la plage complète des scénarios post-SRES. Les GES sont le CO2, le CH4, le N2O et les gaz fluorés. {GT III 1.3, 3.2, figure RiD.4}

Selon les scénarios SRES, les émissions mondiales de référence de GES devraient augmenter de 9,7 à 36,7 Gt équiv.-CO2 (25 à 90 %) entre 2000 et 2030, les combustibles fossiles gardant leur place prépondérante parmi les sources d’énergie au moins jusqu’en 2030. De ce fait, on anticipe une hausse de 40 à 110 % des émissions de CO2 dues à la consommation d’énergie au cours de cette période. {GT III 1.3, RiD}

Dans les études publiées après le SRES (c’est-à-dire selon les scénarios post-SRES), des valeurs inférieures ont été utilisées pour certains facteurs d’émissions, notamment pour les projections démographiques. Toutefois, dans les études intégrant les nouvelles projections démographiques, la modification d’autres facteurs tels que la croissance économique ne se répercute que faiblement sur les niveaux d’émissions globaux. Selon les projections des scénarios de référence post-SRES, la croissance économique en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient jusqu’en 2030 est inférieure à celle anticipée dans les scénarios SRES, mais cela n’a que peu d’incidences sur la croissance économique mondiale et les émissions dans leur ensemble. {GT III 3.2, RT.3, RiD}

Le rôle joué par les émissions d’aérosols (qui ont un effet net de refroidissement) et de leurs précurseurs, y compris le dioxyde de souffre, le carbone noir et le carbone organique, est mieux pris en compte dans les scénarios post-SRES. En règle générale, ceux-ci font apparaître des émissions moindres que celles prévues dans les scénarios SRES. {GT III 3.2, RT.3, RiD}

Selon les études dont on dispose, le taux de conversion utilisé pour le produit intérieur brut (PIB) – taux de change du marché (TCM) ou parité de pouvoir d’achat (PPA) – ne modifie pas sensiblement les valeurs d’émissions anticipées, pour autant qu’il soit appliqué systématiquement.[11] S’il en existe, les différences sont faibles par rapport aux incertitudes découlant des hypothèses faites pour d’autres paramètres des scénarios, notamment l’évolution technologique. {GT III 3.2, RT.3, RiD}

Les scénarios SRES

Le sigle SRES renvoie aux scénarios décrits dans le Rapport spécial du GIEC sur les scénarios d’émissions (SRES, 2000). Ceux-ci sont regroupés en quatre familles (A1, A2, B1 et B2), qui étudient différentes voies de développement en fonction d’un large éventail de facteurs démographiques, économiques et technologiques ainsi que des émissions de GES qui en résultent. Seules les politiques climatiques actuelles sont prises en considération dans ces scénarios. Les émissions anticipées dans les projections sont largement utilisées pour estimer les changements climatiques à venir, et les hypothèses d’évolution socioéconomique, démographique et technologique sur lesquelles elles se fondent sont prises en compte dans de nombreuses évaluations récentes de la vulnérabilité au changement climatique et des incidences de celui-ci. {GT I 10.1 ; GT II 2.4 ; GT III RT.1, RiD}

Le canevas A1 fait l’hypothèse d’un monde caractérisé par une croissance économique très rapide, un pic de la population mondiale au milieu du siècle et l’adoption rapide de nouvelles technologies plus efficaces. Cette famille de scénarios se répartit en trois groupes qui correspondent à différentes orientations de l’évolution technologique du point de vue des sources d’énergie : à forte composante fossile (A1FI), non fossile (A1T) et équilibrant les sources (A1B). Le canevas B1 décrit un monde convergent présentant les mêmes caractéristiques démographiques que A1, mais avec une évolution plus rapide des structures économiques vers une économie de services et d’information. Le canevas B2 décrit un monde caractérisé par des niveaux intermédiaires de croissances démographique et économique, privilégiant l’action locale pour assurer une durabilité économique, sociale et environnementale. Enfin, le canevas A2 décrit un monde très hétérogène caractérisé par une forte croissance démographique, un faible développement économique et de lents progrès technologiques. Aucun scénario SRES ne s’est vu affecter un niveau de probabilité. {GT III RT.1, RiD}

  1. ^  Les indications en italique relatives à la concordance ou au degré d’évidence expriment le degré de confiance ou d’incertitude au moyen d’une terminologie type décrite dans l’introduction du Rapport de synthèse (voir l’encadré intitulé « Traitement de l’incertitude »).
  2. ^  Seules les politiques climatiques actuelles sont prises en considération dans les scénarios de référence ; les études plus récentes intègrent les mesures prises au titre de la CCNUCC et du Protocole de Kyoto. Les modes de réduction des émissions envisagés dans les scénarios d’atténuation sont examinés au Point 5.
  3. ^  Depuis le troisième Rapport d’évaluation (TRE), un débat s’est engagé sur les différents taux de conversion appliqués dans les scénarios d’émissions. On peut comparer les PIB à l’aide du TCM, préférable dans le cas de produits commercialisés à l’échelle internationale, ou de la PPA, préférable dans le cas de revenus de pays à niveaux de développement très différents. Dans le présent rapport, tout comme dans la grande majorité des publications sur l’atténuation des émissions, la plupart des unités monétaires sont exprimées à l’aide du TCM. L’expression PIBPPA signale que les unités monétaires sont exprimées en fonction de la PPA. {GT III RiD}