IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007
Rapport du Groupe de travail I - Les éléments scientifiques

RT.5.3 Les projections à l’échelle régionale

Pour chacune des régions continentales, le réchauffement projeté de 2000 à 2050, résultat des scénarios d’émissions du RSSE, est plus important que la moyenne mondiale et plus important que le réchauffement observé au cours du siècle écoulé. Le réchauffement projeté pour les premières décennies du XXIe siècle, lorsqu’on en fait la moyenne continent par continent, dépasserait de façon significative la variabilité naturelle, forcée et non forcée, dans tous les cas sauf celui de l’Antarctique (fig. RT.29). Les projections de meilleure-estimation basées sur les modèles indiquent qu’en 2030, le réchauffement décennal moyen pour tous les continents sauf l’Antarctique sera très probablement au moins double de la variabilité naturelle correspondante, telle qu’estimée par modèle, au cours du XXe siècle. Le réchauffement simulé pendant cette période n’est guère réactif au choix de scénario RSSE, comme on peut le voir à la fig. RT.32. Sur le long terme, le choix du scénario compte davantage, comme on le voit à la fig. RT.28. Le réchauffement projeté au sein des scénarios RSSE de 2000 à 2050 dépasse également les estimations de variabilité naturelle lorsqu’on en fait la moyenne au niveau de la plupart des régions subcontinentales. {11.1}

Figure RT.29

Figure RT.29. Variations décennales de température de surface moyenne, continent par continent (°C), d’après les observations et simulations pour la période 1906–2005 et d’après les projections pour la période 2001–2050. Les anomalies sont calculées sur la base de la moyenne 1901–1950. Les courbes noires représentent les observations et les bandes roses et bleues indiquent les anomalies de température moyennes simulées, comme à la fig. RT.22 pour le XXe siècle (les bandes roses prennent en compte le forçage anthropique et le forçage naturel et les bandes bleues ne prennent en compte que le forçage naturel). Les rubans jaunes représentent les changements projetés, du 5e au 95e centile, selon le scénario d’émissions du RSSE A1B. Les rubans verts représentent les changements projetés, du 5e au 95e centile, d’anomalies moyennes décennales simulées sous l’impulsion du forçage naturel seul au cours du XXe siècle (en d’autres termes, la mesure de la variabilité décennale naturelle). La partie de ces graphiques qui se base sur les observations utilise comme moyenne décennale le milieu des décennies écoulées (c’est-à-dire que le dernier point est 2000 pour la décennie 1996–2005) alors que pour la période future c’est le milieu calendaire qui est utilisé (c’est-à-dire que le premier point est 2005 pour la décennie 2001–2010). Pour construire les séries, toutes les simulations du lot de modèles impliqués ont été considérées comme des réalisations indépendantes de l’évolution possible du climat sous l’impact des forçages à l’œuvre. Cela a abouti à 58 simulations issues de 14 modèles pour la courbe rouge, 19 simulations issues de 5 modèles (parmi les 14) pour la courbe bleue et le ruban vert et 47 simulations issues de 18 modèles pour la courbe jaune. {FAQ 9.2.1, Figure 1 et encadré 11.1, Figure 1}

Dans l’hémisphère nord, un schéma robuste d’augmentation des précipitations dans la zone subpolaire et de baisse dans la zone subtropicale domine le schéma de précipitations projetées pour le XXIe siècle au-dessus de l’Amérique du nord et de l’Europe, tandis qu’un assèchement subtropical est moins évident au-dessus de l’Asie (cf. fig. RT.30). Presque tous les modèles projettent un renforcement des précipitations au-dessus de la plus grande partie de l’Amérique du nord septentrionale et des précipitations plus faibles au-dessus de l’Amérique centrale, tandis que la plus grande partie des États-Unis continentaux et le nord du Mexique se trouveront dans une zone de transition aux contours moins bien définis et se déplaçant vers le nord ou vers le sud en fonction de la saison. Une baisse des précipitations est projetée avec confiance au-dessus de l’Europe méridionale et de l’Afrique du nord, avec une transition vers l’augmentation des précipitations en Europe du nord. Pour les deux continents, l’assèchement estival est important en raison tant du mouvement vers le pôle de cette zone de transition en été que d’un renforcement de l’évaporation. Des augmentations des précipitations sont projetées dans les zones subpolaires au-dessus de la plus grande partie de l’Asie du nord, mais avec un assèchement subtropical venant de la Méditerranée, déplacé par des signatures de mousson distinctes, vers l’est en provenance de l’Asie centrale. {11.211.5}

Figure RT.30

Figure RT.30. Schémas spatiaux du taux saisonnier moyen de précipitations (mm jour–1) tel qu’observé (en haut) et tel que décrit par la moyenne multi-modèle (au centre) pour la période allant de 1979 à 1993, et moyenne multi-modèles relative aux changements durant la période 2090–2099 en base 1980–1999 (% de différence) sous l’empire du scénario A1B du RSSE (en bas). Les moyennes de décembre à février figurent à gauche, celles de juin à août à droite. Dans le cadre du bas, les changements ne sont reportés que si plus de 66% des modèles concordent sur le signe de la variation. Le hachurage indique les zones où 90% des modèles concordent sur le signe de la variation. {Basé sur les mêmes données que celles des figures 8.5. et 10.9}

Dans l’hémisphère sud, peu de zones de terres appartiennent à la zone subpolaire d’augmentation de l’humidité prévue pour le XXIe siècle. L’assèchement subtropical y prend plus d’importance (cf. fig. RT.30). L’île du Sud de la Nouvelle- Zélande et la Terre de Feu sont dans la zone subpolaire d’augmentation des précipitations, alors que la pointe méridionale de l’Afrique, le sud des Andes en Amérique du sud et l’Australie du sud se rattachent à la tendance à l’assèchement typique de la zone subtropicale. {11.2, 11.6, 11.7}

Les projections de précipitations au-dessus des zones terrestres tropicales sont plus incertaines que celles qui s’adressent aux latitudes plus élevées, mais, malgré certaines inadéquations significatives dans la modélisation des interactions atmosphère/océan et de la convection tropicale et l’incertitude accrue associée aux cyclones tropicaux, les modèles mettent en évidence certains traits dominants bien corroborés. Les chutes de pluie de mousson dans l’Asie du sud et du sud-est augmentent pour la plupart des modèles, tout comme les chutes de pluie en Afrique orientale. Il est plus difficile d’établir avec certitude le signe de la réponse, en termes de précipitations, au-dessus du bassin amazonien et du Sahel africain. Ce sont des régions qui présentent une incertitude accrue en raison de liens possibles entre le climat et la végétation, et les modèles se corroborent moins même lorsque les rétroactions liées à la végétation ne sont pas intégrées. {8.3, 11.2, 11.4, 11.6.