RT.3.3.3 Changements du niveau de la mer

Durant la période allant de 1961 à 2003, le taux moyen d’élévation moyenne mondiale du niveau de la mer est estimé, selon les jauges des marées, entre 1,8 ± 0,5 mm/an (voir la figure RT.18). Pour examiner le bilan du niveau de la mer, les meilleures estimations et des intervalles de confiance de 5 à de 95% sont fournies pour toutes les contributions de glaces de terre. La contribution moyenne de la dilatation thermique à la montée du niveau de la mer pour cette période était de 0,42 ± 0,12 mm/an, avec des variations significatives par décennie, alors que la contribution des glaciers, des calottes glaciaires et des nappes glaciaires est estimée entre 0,7 ± 0,5 mm/an (Voir tableau RT.3). Pour environ les quatre décennies passées, la somme de ces contributions supposément liées au climat s’élève donc à 1,1 ± 0,5 mm/an, ce qui est moins que les meilleures estimations des observations de mesures marégraphiques (identiques à la différence notée dans le TRE). C’est pourquoi le bilan du niveau de la mer pour la période de 1961 à 2003 n’a pas été clos de manière satisfaisante. {4.8, 5.5}

Figure RT.18. Moyennes annuelles du niveau moyen mondial de la mer sur la base de reconstructions de niveaux de zones de la mer (en rouge), mesures marégraphiques (en bleu), et altimétrie par satellite depuis 1992 (en noir). Les unités sont en millimètres par rapport à la moyenne de 1961 à 1990. Les barres d’erreur sont calibrées à 90% des intervalles de confiance. {Figure 5.13}

Le taux moyen mondial d’élévation du niveau de la mer mesuré par le satellite d’altimétrie TOPEX/Poséidon de 1993 à 2003 est de 3,1 ± 0,7 mm an^–1. Ce taux observé pour la période récente est proche du total estimé de 2,8 ± 0,7 mm an^–1 pour les contributions liées au climat dues à la dilatation thermique (1,6 ± 0,5 mm an^–1) et aux changements dans la glace de terre (1,2 ± 0,4 mm an^–1). Ainsi la compréhension du bilan pour la période récente s’est considérablement améliorée, les contributions climatiques constituant les facteurs les plus importants dans le bilan du niveau de la mer (qui est clôturé dans la limite des erreurs connues). Il n’est pas établi que le taux plus élevé de 1993 à 2003 comparé à la période de 1961 à 2003 soit le reflet d’une variabilité sur une décennie ou d’une augmentation sur la tendance à long terme. Les enregistrements de mesures marégraphiques indiquent que des taux supérieurs, équivalents à ceux observés entre 1993 et 2003, se sont produits à d’autres décennies depuis 1950. {5.5, 9.5}

Il existe une confiance élevée dans l’affirmation selon laquelle le rythme d’élévation du niveau de la mer s’est accéléré entre la moitié du XIX^e siècle et la moitié du XX^e siècle, si l’on se base sur les données de mesures marégraphiques et géologiques. Une reconstruction récente des évolutions du niveau de la mer depuis 1870, à l’aide des meilleurs enregistrements marégraphiques disponibles, permet de dire avec confiance élevée que le taux d’élévation du niveau de la mer s’est accéléré de 1870 à 2000. Les observations géologiques indiquent que, durant les 2 000 dernières années, le changement de niveau de la mer était restreint, avec des taux moyens de l’ordre de 0,0 ± 0.2 mm/an. L’usage de données indirectes sur le niveau de la mer, provenant de sources archéologiques, est bien établi en Méditerranée et il indique que les oscillations du niveau de la mer depuis environ l’an 1 jusqu’en 1900 ne dépassent pas ± 0,25m. Les preuves existantes indiquent que l’élévation du niveau de la mer actuelle a commencé entre la moitié du XIX^e siècle et la moitié du XX^e siècle. {5.5}

Des mesures satellitaires précises faites depuis 1993 fournissent aujourd’hui des preuves univoques de la variabilité régionale des variations du niveau de la mer. Dans certaines régions, les taux d’élévation pendant cette période sont supérieurs de plusieurs fois la moyenne mondiale, alors que dans d’autres régions le niveau de la mer descend. La plus importante élévation du niveau de la mer depuis 1992 a eu lieu dans l’océan Pacifique occidental et dans l’océan Indien oriental (voir figure RT.19). La quasi-totalité de l’océan Atlantique a connu une élévation du niveau de la mer au cours de la dernière décennie, tandis que le niveau de la mer dans l’océan Pacifique oriental et dans l’océan Indien occidental est descendu. Ces variations temporelles et spatiales de l’élévation régionale du niveau de la mer sont influencées pour partie par le schéma du couple de variables océan-atmosphère, y compris ENSO et NAO. Le schéma du changement observé du niveau de la mer depuis 1992 est semblable à la dilatation thermique calculée à partir du changement de température des océans, mais différent du schéma de dilatation thermique des cinquante dernières années, ce qui indique l’importance de la variabilité régionale par décennie. {5.5}

Figure RT.19. (En haut) Niveau moyen mensuel de la mer (mm) courbe pour la période de 1950 à 2000 à Kwajalein (8°44’N, 167°44’E). Le niveau de la mer observé (à partir de mesures marégraphiques) est en bleu, le niveau de la mer reconstruit en rouge, et les données altimétriques satellite en vert. Les signaux annuels et semi-annuels ont été retirés de chaque série de temps et les données de mesures marégraphiques ont été lissées. (En bas) Distribution géographique de tendances linéaires à court terme pour le niveau moyen de la mer, dans la période 1993–2003 (mm an^–1) sur la base des données altimétriques du satellite TOPEX/Poseidon. {Figures 5.15 et 5.18}

Les observations laissent à penser que des augmentations de phénomènes d’eaux extrêmement hautes ont eu lieu dans de nombreux sites depuis 1975. Les relevés sur la plus longue durée sont limités dans l’espace et sous-échantillonnés dans le temps, c’est pourquoi une analyse globale sur la totalité du XX^e siècle n’est pas réalisable. Dans beaucoup d’endroits, les changements séculaires dans les extrêmes étaient identiques à ceux du niveau moyen de la mer. Dans d’autres, les changements des conditions atmosphériques tels que la fréquence des tempêtes étaient plus importants quant à la détermination des tendances à long terme. La variabilité interannuelle dans les eaux extrêmement hautes était positivement mise en corrélation avec le niveau moyen régional de la mer, ainsi que les indices de climat régional tel que l’ENSO pour l’océan Pacifique et le NAO pour l’océan Atlantique. {5.5}