IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007
Rapport du Groupe de travail I - Les éléments scientifiques

RT.3.4 Cohérence des différentes observations

Dans cette section, on examine la cohérence de la variabilité et des tendances entre et à travers les différentes variables climatiques, y compris l’atmosphère, la cryosphère et les océans, en se basant sur la compréhension conceptuelle des relations physiques entre variables. Par exemple, les augmentations de température vont faire croître la capacité que possède l’atmosphère à retenir l’humidité. Les changements de température et/ou de précipitations devraient être cohérents avec les variations mises en évidence dans les glaciers. La cohérence entre ces observations indépendantes, effectuées à l’aide de diverses techniques, et les variables offre une clé essentielle de compréhension, et augmente ainsi la confiance.

Les changements dans l’atmosphère, la cryosphère et les océans montrent de façon indiscutable que le monde se réchauffe. {3.2, 3.9, 4.2, 4.44.8, 5.2, 5.5}

La température de l’air à la surface de la terre ainsi que les TSM indiquent un réchauffement. Dans les deux hémisphères, les régions terrestres se sont réchauffées à une vitesse plus rapide que les océans dans les dernières décennies, conformément à la beaucoup plus grande inertie thermique des océans. {3.2}

Le réchauffement climatique est conforme aux augmentations observées dans le nombre de chaleurs extrêmes journalières, les réductions dans le nombre de froids extrêmes journaliers, et les réductions dans le nombre de gelées sous les latitudes moyennes. {3.2, 3.8}

Les tendances de températures de surface depuis 1979 sont désormais conformes à celles d’altitudes plus élevées. Il est probable qu’il y ait un réchauffement légèrement plus élevé dans la troposphère qu’à la surface, ainsi qu’une tropopause plus élevée, conformément aux attentes des processus physiques de base et des augmentations observées des gaz à effet de serre, combinées à une dégradation de l’ozone stratosphérique. {3.4, 9.4}

Les changements de température sont globalement conformes à la réduction de la cryosphère observée presque partout dans le monde. Des réductions de masse et d’extension des glaciers de montagne ont eu lieu un peu partout. Les changements climatiques conformes au réchauffement sont également indiqués par la diminution de la couverture neigeuse, la profondeur de la neige, l’étendue de la glace arctique, l’épaisseur et la température du pergélisol, l’extension des sols gelés de façon saisonnière ainsi que la longueur de la saison de gel des rivières et des lacs gelés. {3.2, 3.9, 4.24.5, 4.7}

Les observations de l’élévation du niveau de la mer depuis 1993 sont conformes aux changements observés dans l’enthalpie des océans et de la cryosphère. Le niveau de la mer est monté de 3,1 ± 0,7 mm an–1 entre 1993 et 2003, la période disponible de mesures d’altimétrie mondiales. Durant cette période, un quasi-équilibre a été observé entre l’élévation du niveau de mer totale observée et les contributions du retrait des glaciers, calottes glaciaires et nappes glaciaires et les augmentations de l’enthalpie océanique et de la dilatation correspondante. Cet équilibre offre une plus grande assurance que l’élévation observée du niveau de la mer est un fort indicateur de réchauffement. Cependant le bilan du niveau de la mer n’est pas équilibré pour la plus longue période de 1961 à 2003. {5.5, 3.9}

Les observations sont conformes à la compréhension physique en ce qui concerne le lien attendu entre vapeur d’eau et température, et avec l’intensification des précipitations dans un monde plus chaud. La vapeur d’eau troposphérique supérieure et la colonne de vapeur ont augmenté, offrant ainsi un important soutien à l’hypothèse issue des modèles physiques simples selon laquelle l’humidité spécifique augmente dans un monde en réchauffement et représente une rétroaction positive importante sur le changement climatique. En conformité avec l’augmentation du taux de vapeur d’eau dans l’atmosphère, il y a des augmentations largement étendues du nombre de phénomènes de fortes précipitations et de la probabilité de phénomènes d’inondations dans beaucoup de régions terrestres, même dans celles où a eu lieu une réduction de précipitation totale. Indépendamment de cela, les observations des changements dans la salinité des océans soutiennent l’opinion selon laquelle le cycle hydrologique de la Terre a changé, d’une façon cohérente avec les observations faisant état d’une recrudescence des grandes précipitations et de l’écoulement des rivières hors des tropiques et des régions subtropicales, et d’une augmentation du transfert d’eau douce depuis l’océan vers l’atmosphère aux latitudes basses. {3.3, 3.4, 3.9, 5.2}

Bien que les précipitations aient augmenté dans beaucoup d’endroits du globe, les endroits souffrant de sécheresse ont également augmenté. La durée et l’intensité des sécheresses ont aussi augmenté. Tandis que des sécheresses régionales ont eu lieu dans le passé, l’immense extension spatiale des sécheresses actuelles est grossièrement conforme aux changements attendus dans le cycle hydrologique en cours de réchauffement. La vapeur d’eau augmente avec l’augmentation des températures mondiales, à cause d’une augmentation de l’évaporation là où l’humidité de surface est disponible, et cela tend à provoquer des précipitations. Cependant, l’augmentation des températures continentales devrait entraîner une plus grande évaporation et un plus grand assèchement, ce qui est particulièrement important dans les régions sèches où l’humidité de surface est limitée. Les changements dans la couche de neige et dans les schémas de circulation atmosphérique et dans le trajet des tempêtes peuvent aussi réduire l’humidité saisonnière disponible et contribuer à la sécheresse. Les changements dans les TSM et les changements associés dans la circulation atmosphérique et dans les précipitations ont contribué à modifier les sécheresses, particulièrement sous les basses latitudes. En conséquence, les sécheresses sont plus fréquentes, particulièrement depuis les années 1970 dans les régions tropicales et subtropicales. En Australie et en Europe, des liens directs avec le réchauffement mondial ont été suggérés par les extrêmes dans les hautes températures et les récentes vagues de chaleur accompagnant les récentes sécheresses. {3.3, 3.8, 9.5}