10 Gestion des déchets
Situation du secteur, tendances de développement et implications
La production de déchets est liée à la population, à la concentration de population et à l’urbanisation. Le taux global de création de déchets de post-consommation se situe, selon les estimations, entre 900 et 1300 Mt/an. Le rythme s’est accéléré ces dernières années, en particulier dans les pays en voie de développement dotés d’une forte croissance démographique, économique et de l’urbanisation. Dans les pays les plus développés, l’un des objectifs actuels consiste à découpler la création de déchets des facteurs économiques tel le PIB – les tendances récentes suggèrent que les taux de création de déchets de post-consommation pourraient connaître leur pic actuellement en raison du recyclage, de la réutilisation, de la réduction des déchets à la source, et d’autres initiatives encore (accord moyen, mises en évidence moyennement nombreuses) [10.1, 10.2].
Les déchets de post-consommation contribuent pour une petite part aux émissions de GES (<5%), le CH4 de décharge représentant >50% des émissions actuelles. Les sources secondaires d’émissions sont le CH4 issu des eaux usées et le N2O ; en outre, des émissions mineures de CO2 sont le résultat de l’incinération de déchets contenant du carbone à l’état fossile. En général, de grandes incertitudes subsistent par rapport à la quantification des émissions directes, des émissions indirectes et des potentiels d’atténuation pour le secteur des déchets, incertitudes qu’on pourrait diminuer en appliquant des méthodes cohérentes et coordonnées de récolte et d’analyse des données au niveau national. On ne dispose actuellement pas de méthodes d’inventaires pour la quantification annuelle des émissions de GES issues du transport des déchets, ni pour les émissions annuelles de gaz fluorés provenant des déchets de post-consommation (bon accord, nombreuses mises en évidence) [10.3].
Il est important de souligner que les déchets de post-consommation constituent une ressource importante d’énergie renouvelable qui peut être exploitée à l’aide de processus thermiques (incinération et co-combustion industrielle), via l’utilisation des gaz de décharge et de biogaz issus de la digestion anaérobique. Les déchets ont un avantage économique sur beaucoup de ressources de biomasse parce qu’ils sont régulièrement collectés aux frais de la collectivité. C’est par le truchement de processus thermiques que le contenu énergétique des déchets peut être exploité le plus efficacement : pendant la combustion, de l’énergie est directement tirée de la biomasse (produits du papier, bois, textiles naturels, aliments) et des sources de carbone fossile (matières plastiques, textiles synthétiques). En postulant une valeur calorique moyenne de 9 GJ/t, l’ensemble des déchets du monde contiennent >8 EJ d’énergie extractible, qu’on pourrait pousser jusqu’à 13 EJ (presque 2% de la demande d’énergie primaire $$[mondiale]$$) en 2030 (accord moyen, mises en évidence moyennement nombreuses) [10.1]. Actuellement, plus de 130 millions de tonnes de déchets sont brûlées chaque année dans le monde, ce qui équivaut à > 1 EJ/an. L’extraction du CH4 de décharge à titre de source d’énergie renouvelable a connu une exploitation commerciale depuis plus de 30 ans, avec une valeur énergétique actuelle de >0,2 EJ / an. De conserve avec les processus thermiques, les gaz de décharge et les gaz issus de la digestion anaérobique peuvent être une source locale importante d’énergie supplétive (bon accord, nombreuses mises en évidence) [10.1, 10.3].
En raison du fait que l’extraction du gaz de décharge et des mesures complémentaires (augmentation du recyclage et diminution de la mise en décharge par la mise en place de technologies alternatives) les émissions de CH4 issu des décharges dans les pays développés se sont largement stabilisées. Parmi les choix de technologies matures de gestion des déchets à grande échelle permettant d’éviter ou de réduire les émissions de GES en comparaison avec la mise en décharge, on peut citer l’incinération à des fins de production énergétique et les processus biologiques tels que le compostage ou le traitement biomécanique (TBM). Cependant, dans les pays en voie de développement, les émissions de CH4 augmentent car des pratiques davantage contrôlées de mise en décharge (anaérobie) se mettent en place. Cela est spécialement vrai pour les zones en processus d’urbanisation rapide où les décharges prévues comme telles représentent une stratégie de traitement des déchets plus acceptable que les décharges publiques à ciel ouvert en termes de vecteurs de maladie, d’odeurs toxiques, de combustion incontrôlée et d’émissions de polluants dans l’air, les eaux et les sols. Paradoxalement, les émissions de GES sont plus importantes lorsque la production de CO2 aérobie (par combustion et par décomposition aérobie) cède la place à la production anaérobie de CH4. Dans une large mesure, il s’agit de la même transition vers des décharges sanitaires que celle qui s’est produite dans beaucoup de pays développés entre 1950 et 1970. L’augmentation des émissions de CH4 peut être atténuée en accélérant l’entrée en scène de l’extraction des gaz, à l’aide de mécanismes de Kyoto tels le MDP et la Mise en œuvre conjointe (MOC). Vers la fin octobre 2006, les projets d’extraction des gaz de décharge représentaient 12% des Unités de réduction d’émissions (URE) certifiées sous l’empire du MDP. De plus, des stratégies alternatives de gestion des déchets comme le recyclage et le compostage peuvent être mises en place dans les pays en voie de développement. Le compostage peut représenter une alternative peu chère et durable aux décharges contrôlées, particulièrement là où des stratégies technologiques plus intensives en travail et de moindre niveau technologique sont appliquées à certains flux de déchets biodégradables sélectionnés (bon accord, mises en évidence moyennement nombreuses) [10.3].
Les initiatives de recyclage, de réutilisation et de réduction des déchets à la source, publiques comme privées, réduisent indirectement les émissions de GES en diminuant la masse de déchets nécessitant qu’on s’en occupe. En fonction du cadre réglementaire, des politiques publiques, des marchés, des priorités économiques et des contraintes locales, les pays développés mettent en place des taux de recyclage de plus en plus hauts pour conserver les ressources, contrebalancer l’utilisation de carburants fossiles, et pour éviter la création de GES. La quantification des taux de recyclage à l’échelle mondiale n’est pas possible à ce jour en raison des différences de définition et des valeurs de référence ; cependant, on a atteint des réductions de >50%. Le recyclage pourrait être étendu dans la plupart des pays pour aboutir à des réductions supplémentaires. Dans les pays en voie de développement, puiser dans les déchets et recycler informellement sont des pratiques courantes. Par le truchement de diverses activités de diversion et de recyclage à petite échelle, les personnes qui gagnent leur vie à partir de sites de gestion des déchets décentralisés peuvent réduire significativement la masse de déchets qui nécessitent des solutions davantage centralisées. Les études indiquent que les activités de recyclage à basse technologie peuvent aussi créer des emplois d’une manière significative par l’intermédiaire de microfinancement créatif et d’autres investissements à petite échelle. Le défi consiste à fournir des conditions de travail plus sûres et plus saines que celles qui sont actuellement subies par les petits récupérateurs dans les décharges publiques non contrôlées (accord moyen, mises en évidence moyennement nombreuses) [10.3].
Pour ce qui concerne les eaux usées, seuls 60% de la population du globe dispose de couverture sanitaire (épuration). Presque 90% de la population dans les pays développés, mais moins de 30% dans les pays en voie de développement, dispose d’installations sanitaires avancées (y compris l’épuration et le traitement des eaux usées, les fosses septiques, ou les latrines). En complément de l’atténuation des GES, un meilleur assainissement et une meilleure gestion des eaux usées débouchent sur une large palette d’avantages associés en termes de santé et d’environnement (bon accord, nombreuses mises en évidence) [10.2, 10.3].
Par rapport aussi bien à la gestion des déchets qu’à celle des eaux usées dans les pays en voie de développement, deux contraintes-clés face au développement durable sont le manque de ressources financières et la sélection de technologies appropriées et réellement durables pour une situation donnée. Il s’agit d’un défi significatif et coûteux dans le cadre de la mise en place de la collecte des déchets et des eaux usées, du transport, du recyclage, du traitement et de la gestion des résidus dans beaucoup de pays en voie de développement. Cependant, la mise en place d’infrastructures durables pour les déchets et les eaux usées dégagent de multiples avantages associés pour contribuer à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM) via l’amélioration de la santé publique, la conservation des ressources hydriques, la réduction des rejets non traités dans l’air, les eaux de surface, les eaux souterraines, les sols et les zones côtières (bon accord, nombreuses mises en évidence) [10.4].