Scénarios de stabilisation
Un objectif couramment rencontré dans la littérature est la stabilisation de la concentration du CO2 atmosphérique. Si plus d’un GES est étudié, une alternative utile consiste à formuler les cibles de concentrations de GES en termes de concentration ou de forçage radiatif en équivalents- CO2, pondérant ainsi la concentration des différents gaz en fonction de leurs propriétés radiatives. Une alternative consiste à postuler comme objectif la stabilisation de la température moyenne mondiale. L’avantage des cibles exprimées en termes de forçage radiatif sur les cibles de température est que le calcul du forçage radiatif ne dépend pas de la sensibilité climatique. Le désavantage en est qu’une large série d’impacts de température est possible pour chaque niveau de forçage radiatif. Les objectifs en termes de température, par ailleurs, ont l’avantage non négligeable de pouvoir être plus directement reliées aux impacts des changements climatiques. Une autre approche consiste à calculer les risques ou la probabilité de dépasser des valeurs particulières d’augmentation annuelle mondiale de températures moyennes depuis l’ère préindustrielle pour certains objectifs spécifiques de stabilisation ou de forçage radiatif.
Il y a une corrélation claire et forte entre elles vers 2100 dans les études publiées, en raison du fait que le CO2 est le contributeur le plus important du forçage radiatif. En se basant sur cette corrélation, pour faciliter la comparaison et l’évaluation des scénarios, des scénarios de stabilisation (aussi bien les études multi-gaz que les études traitant du CO2 seul) ont été groupées en différentes catégories dont la sévérité des objectifs varie [Tableau RT.2].
Tableau RT.2 : Classification de scénarios de stabilisation récents (post-TRE) suivant leurs différents objectifs de stabilisation et les unités de mesures alternatives de la stabilisation [Tableau 3.5)
Catégorie | Forçage radiatif supplémentaire | Concentration en CO2 | Concentration en CO2-éq | Augmentation de la température mondiale au-dessus de son niveau préindustriel à l’équilibre, à l’aide des « meilleures estimations » de sensibilité climatiquea, b | Pic d’émissions de CO2c | Changement dans les émissions globales de CO2 en 2050 (% des émissions de 2000)c | Nombre de scénarios évalués |
---|
I | 2.5-3.0 | 350-400 | 445-490 | 2.0-2.4 | 2000 - 2015 | -85 á -50 | 6 |
II | 3.0-3.5 | 400-440 | 490-535 | 2.4-2.8 | 2000 - 2020 | -60 á -30 | 18 |
III | 3.5-4.0 | 440-485 | 535-590 | 2.8-3.2 | 2010 - 2030 | -30 á +5 | 21 |
IV | 4.0-5.0 | 485-570 | 590-710 | 3.2-4.0 | 2020 - 2060 | +10 á +60 | 118 |
V | 5.0-6.0 | 570-660 | 710-855 | 4.0-4.9 | 2050 - 2080 | +25 á +85 | 9 |
VI | 6.0-7.5 | 660-790 | 855-1130 | 4.9-6.1 | 2060 - 2090 | +90 á +140 | 5 |
Total | 177 |
Essentiellement, toute concentration spécifique ou tout objectif de forçage radiatif implique que les émissions tombent à un niveau très bas tandis que les processus de piégeages terrestres et océaniques arrivent à saturation. Des cibles de stabilisation plus élevées repoussent nécessairement leur accomplissement au-delà de l’année 2100. Cependant, pour atteindre une cible de stabilisation donnée, les émissions doivent être réduites, à la fin, bien au-dessous de leurs niveaux actuels. Pour atteindre les catégories de stabilisation I et II, des émissions négatives nettes sont nécessaires avant la fin de ce siècle dans beaucoup de scénarios considérés (Figure RT.8) (bon accord, nombreuses mises en évidence) [3.3.5].
Le déroulement des réductions d’émissions dépend de la sévérité de la cible de stabilisation. Les cibles astreignantes nécessitent que le pic des émissions de CO2 soit atteint plus tôt (voir Figure RT.8). Dans la majorité des scénarios liés à la catégorie de stabilisation la plus astreignante (I), il est indispensable que les émissions déclinent avant 2015 et poursuivent leur baisse pour aboutir à moins de 50% des émissions actuelles vers 2050. Pour la catégorie III, les émissions globales prévues par les scénarios arrivent en général à leur apogée entre 2010 et 2030, avant un retour à leurs niveaux de 2000, en moyenne en 2040. Pour la catégorie IV, les émissions médianes atteignent leur apogée vers 2040 (Figure RT.9) (bon accord, nombreuses mises en évidence).
Les coûts de la stabilisation dépendent de l’objectif de stabilisation et du niveau de celui-ci, de la situation de référence et du portefeuille de technologies considérées, de même que du rythme du progrès technologique. Les coûts globaux d’atténuation augmentent en proportion inverse du niveau de stabilisation et en proportion directe des émissions de référence. Les coûts, en 2050, pour une stabilisation multi-gaz à 650 ppm CO2 -éq (catégorie IV) sont entre une perte de 2% et une augmentation d’un point du PIB en 2050. Pour 550 ppm de CO2 -éq (catégorie III), ces coûts vont d’une toute petite augmentation à une perte de 4% du PIB. Pour des niveaux de stabilisation situés entre 445 et 535 ppm CO2 -éq, les coûts sont inférieurs à une perte de 5,5% du PIB, mais le nombre d’études est limité et les études se basent généralement sur des situations de référence basses.
Une approche multi-gaz et l’intégration des puits de carbone réduisent généralement les coûts de manière substantielle, en comparaison avec la prise en compte du CO2 seul. Les coûts moyens globaux de la stabilisation sont incertains, parce que les postulats portant sur la situation de référence ou sur les options d’atténuation dans les modèlent varient beaucoup et qu’elles ont un impact de première importance. Pour certains pays, secteurs ou pour certaines échelles temporelles moins importantes, les coûts varieraient considérablement de la moyenne mondiale à long terme (bon accord, nombreuses mises en évidence) [3.3.5]
Des études récentes portant sur la stabilisation ont mis au jour le fait que les options d’atténuation basées sur l’affectation des sols (aussi bien pour le CO2 que pour les autres) permettent d’obtenir une certaine flexibilité dans la réduction des coûts pour atteindre les objectifs de stabilisation de 2100. Dans certains scénarios, une augmentation relative de l’énergie issue de la biomasse (combustibles solides et liquides) commercialisée a un impact significatif sur la stabilisation, fournissant entre 5 et 30% de la réduction cumulée et, potentiellement, 10 à 25% de l’énergie primaire totale au cours du siècle, particulièrement en tant que stratégie d’émissions négatives combinant l’énergie issue de la biomasse avec le piégeage et le stockage du CO2.
Le choix de la situation de référence est crucial pour déterminer la nature et les coûts de la stabilisation. Cette influence est principalement due aux différents postulats sur les progrès technologiques dans les scénarios basaux.