IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007
Rapport du Groupe de travail II - Conséquences, adaptation et vulnérabilité

D. Conaissances actuelles sur les réponses au changement climatique

Une certaine adaptation aux changements observés et projetés pour le futur se produit déjà, mais de façon limitée.

Depuis le troisième Rapport d’évaluation du GIEC des preuves croissantes indiquent que des mesures sont prises afin d’adapter les activités humaines aux changements climatiques actuels ou prévus. La conception de projets d’infrastructure, tels que la protection du littoral aux Maldives et aux Pays-Bas, ou le Pont de la Confédération au Canada, par exemple, tient compte du changement climatique. D’autres exemples comprennent la prévention des inondations par épanchement d’un lac glaciaire au Népal, et des politiques et des stratégies telles que la gestion de l’eau en Australie et de la réponse des gouvernements aux vagues de chaleur, par exemple dans certains pays européens [7.6, 8.2, 8.6, 17.ES, 17.2, 16.5, 11.5].

Il sera nécessaire de s’adapter aux conséquences, déjà inévitables, du réchauffement dû aux émissions passées.

On estime que les anciennes émissions continuent de contribuer à un réchauffement inévitable (environ 0,6°C de plus à la fin du siècle, par rapport aux années 1980-1999), même avec des concentrations des gaz à effet de serre atmosphériques stabilisés aux niveaux de 2000 (voir le quatrième Rapport d’évaluation du Groupe de travail I). Dans le cas de certains impacts, la seule réponse appropriée reste l’adaptation. Ces impacts sont indiqués à la Figure RID.2.

Encart 1. Définition des termes principaux

Le GIEC utilise le terme “changement climatique” pour tout changement de climat dans le temps, qu’il soit dû à la variabilité naturelle ou aux activités humaines. Cette définition diffère de celle qui est employée dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dans laquelle le changement climatique s’applique à un changement de climat attribué directement ou indirectement aux activités humaines qui modifient la composition de l’atmosphère dans son ensemble et qui s’ajoute à la variabilité naturelle du climat constatée sur des périodes de temps comparables.

La capacité d’adaptation est le degré d’ajustement d’un système à des changements climatiques (y compris la variabilité climatique et les extrêmes) afin d’atténuer les dommages potentiels, de tirer parti des opportunités ou de faire face aux conséquences.

La vulnérabilité est le degré de capacité d’un système de faire face ou non aux effets néfastes du changement climatique (y compris la variabilité climatique et les extrêmes). La vulnérabilité dépend du caractère, de l’ampleur et du rythme de l’évolution climatique, des variations auxquelles le système est exposé, de sa sensibilité et de sa capacité d’adaptation.

Les possibilités d’adaptation sont nombreuses à l’heure actuelle, mais pour réduire la vulnérabilité au changement climatique futur il est impératif d’en élargir la fourchette. Il existe des obstacles, des limitations et des coûts, mais ceux-ci ne sont pas parfaitement compris.

Comme l’indique la Figure RD.2, les impacts iront s’intensifiant avec la hausse de la température moyenne mondiale. L’adaptation permet de faire efficacement face aux effets antérieurs du changement climatique, cependant, à mesure que ce dernier s’intensifie, les possibilités d’appliquer avec succès des stratégies d’adaptation s’amenuisent, tandis que leurs coûts augmentent. A l’heure actuelle, nous n’avons pas un tableau précis des limites à l’adaptation, ou des coûts, en partie parce que les mesures d’adaptation efficaces dépendent largement de facteurs de risque géographiques et climatiques spécifiques, ainsi que de contraintes institutionnelles, politiques et financières [7.6, 17.2, 17.4].

Les sociétés humaines disposent d’une large fourchette de mécanismes d’adaptation, allant du mécanisme purement technologique (ouvrages défensifs en mer, par exemple), en passant par les mesures comportementales (modification des régimes alimentaires et choix des loisirs, par exemple) ou de gestion (modification des techniques agricoles, par exemple) jusqu’aux stratégies politiques (réglementation des programmes, par exemple). Si certains pays connaissent et appliquent la plupart des mécanismes et stratégies, la documentation y relative n’indique pas si les diverses options[13] pourront effectivement réduire les risques, en particulier dans le cas d’un réchauffement plus intense avec les incidences qui en découlent, et dans le cas des groupes vulnérables. Il existe en outre des obstacles formidables à la mise en œuvre de l’adaptation, obstacles liés à l’environnement, à l’information, au domaine social et au comportement. En ce qui concerne les pays en développement, la disponibilité des ressources et la capacité d’adaptation revêtent une importance extrême [voir Sections 5 et 6 dans les chapitres 3-16; voir également 17.2, 17.4].

On ne peut espérer qu’à elle seule, l’adaptation suffira à faire face à tous les effets modélisés du changement climatique, surtout pas à long terme étant donné que l’ampleur de la plupart des impacts augmente [Figure RID.2].

La vulnérabilité au changement climatique peut être aggravée par d’autres contraintes.

Des contraintes non liées au climat peuvent augmenter la vulnérabilité au changement climatique en affaiblissant la résilience et peuvent également réduire la capacité d’adaptation en raison des ressources déployées pour satisfaire des besoins en concurrence. A titre d’exemple, parmi les contraintes qui s’exercent actuellement sur certains récifs coralliens figurent la pollution des mers et le ruissellement des eaux chargées de produits chimiques d’origine agricole ainsi que l’élévation de la température de l’eau et l’acidification des océans. Les régions vulnérables subissent des contraintes multiples qui ont un effet négatif sur leur vulnérabilité, leur sensibilité et leur capacité d’adaptation. Ces contraintes sont dues à différents facteurs, dont les aléas climatiques, la pauvreté les difficultés d’accès aux ressources, l’insécurité alimentaire, la mondialisation de l’économie, les conflits, et les conséquences de maladies, telles que le VIH/SIDA [7.4, 8.3, 17.3, 20.3]. Des mesures d’adaptation sont rarement prises pour faire face aux seuls changements climatiques, mais peuvent être intégrées dans des stratégies de mise en valeur des ressources en eau, de protection du littoral et de réduction des risques, par exemple [17.2, 17.5].

La vulnérabilité future ne dépend pas uniquement des changements climatiques, mais également des modes de développement.

Depuis la parution du troisième Rapport d’évaluation du GIEC, des progrès considérables ont été réalisés, notamment l’achèvement des recherches portant sur les différents modes de développement, comprenant, outre les projections des changements climatiques, des projections du développement économique et social. La plupart des études se basaient sur les caractéristiques des populations et les niveaux de revenus, tirés du Rapport spécial sur les scénarios d’émissions du GIEC (RSSE) (voir Encart 3) [2.4].

Ces études montrent que les projections des impacts des changements climatiques peuvent fortement varier en fonction du mode de développement envisagé. Par exemple, des scénarios alternatifs peuvent présenter des différences considérables quant à la population, au revenu et au développement d’une région, facteurs souvent déterminants du niveau de vulnérabilité aux changements climatiques [2.4].

A titre d’exemple, certaines recherches étudiant les conséquences mondiales du changement climatique sur l’approvisionnement en nourriture, les risques d’inondations côtières et la pénurie d’eau, dans le cadre d’un scénario de développement de type A2 (dont les caractéristiques sont les faibles revenus par habitant et une démographie galopante), ont pris pour base un plus grand nombre de personnes potentiellement affectées par rapport à d’autres scénarios futuristes du RSSE [T20.6]. Cette divergence s’explique en grande partie non par un changement de climat, mais par des différents niveaux de vulnérabilité [T6.6].

Le développement durable[14] peut réduire la vulnérabilité aux changements climatiques, mais le changement climatique pourrait entraver les nations dans leur élan à accéder à des voies de développement durable.

Le développement durable peut réduire la vulnérabilité aux changements climatiques en renforçant la capacité d’adaptation et la résilience. Toutefois, à l’heure actuelle il y a peu de programmes pour le développement durable qui incluent explicitement l’adaptation aux effets du changement climatique ou qui encouragent la capacité d’adaptation [20.3].

D’un autre côté, les changements climatiques peuvent très probablement ralentir le rythme du progrès vers un développement durable, soit directement par une exposition accrue aux impacts défavorables soit indirectement par une érosion de la capacité à s’adapter. Ce point est clairement démontré dans les Sections du présent Rapport relatives aux secteurs et aux régions dans lesquelles sont étudiées les conséquences d’un développement durable [Voir Section 7 aux chapitres 3-8, 20.3, 20.7].

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) représentent l’une des initiatives entreprises sur la voie du développement durable. Au cours du demi-siècle futur les changements climatiques pourraient faire obstacle à la réalisation des OMD [20.7].

Beaucoup d’impacts peuvent être évités, réduits ou retardés par atténuation.

Il existe dorénavant quelques évaluations d’impacts pour des scénarios, dans lesquels les futures concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre auraient été stabilisées. Bien que ces études ne tiennent pas entièrement compte des incertitudes des projections climatiques dans des conditions de stabilisation, elles fournissent néanmoins des indications sur les dommages qui peuvent être évités ou sur les vulnérabilités et les risques réduits pour différentes quantités de réduction des émissions [2.4, T20.6].

Un portefeuille de mesures d’adaptation et d’atténuation peut diminuer les risques associés aux changements climatiques.

Même les mesures les plus draconiennes en matière d’atténuation ne pourraient empêcher le changement climatique d’avoir d’autres conséquences au cours des prochaines décennies, ce qui rend l’adaptation absolument nécessaire, en particulier lorsqu’il s’agit d’impacts à court terme. Un changement climatique non atténué excéderait probablement, à long terme, la capacité d’adaptation des systèmes naturels, aménagés et humains [20.7].

D’où la valeur d’un portefeuille ou d’une série de stratégies portant sur l’atténuation, l’adaptation, le développement technologique (dans le but de renforcer tant l’adaptation que l’atténuation) et la recherche (sur les sciences climatiques, les impacts, l’adaptation et l’atténuation). De tels portefeuilles pourraient concerner les politiques et les approches basées sur les stimuli, ainsi que des actions menées à tous les niveaux, du citoyen lambda aux organisations internationales, en passant par les gouvernements nationaux [18.1, 18.5].

L’un des moyens d’augmenter la capacité d’adaptation est d’introduire dans les programmes de développement l’étude des conséquences du changement climatique [18.7], par exemple:

• en introduisant des mesures d’adaptation dans la planification de l’affectation des terres et de l’infrastructure [17.2];

• en introduisant dans les stratégies existantes, qui visent à réduire les risques de catastrophes, des mesures dont l’objectif serait de réduire la vulnérabilité [17.2, 20.8].

  1. ^  Un Tableau d’options figure dans le Résumé technique.
  2. ^  La définition du terme « développement durable » utilisée dans la présente Evaluation est celle de la Commission Brundtland : « Développement qui répond aux besoins de la génération actuelle sans compromettre la possibilité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. » Cette définition a également été utilisée dans la Troisième évaluation et dans le Rapport de synthèse de la Troisième évaluation du Groupe de travail II du GIEC.