RT.4.7 Estimation des coûts du changement climatique
Les impacts de changements climatiques non atténués varieront de région en région. Mis ensemble et en termes réels, ils imposeront très probablement des coûts, même si les estimations spécifiques sont incertaines et doivent donc être interprétées prudemment. Ces coûts augmenteront probablement au cours du temps.
La présente estimation (v. Tableaux RT.3 et RT.4) affirme sans ambiguïté que les impacts des changements climatiques à venir seront divers de région à région. Pour une hausse de température de moins de 1° à 3°C au-dessus du niveau de 1990, certains impacts projetés auront des retombées positives dans certains endroits et pour certains secteurs, et généreront des coûts à d’autres endroits et pour d’autres secteurs. Il est cependant projeté que certaines régions de basse latitude et certaines régions polaires auront à supporter des coûts nets même pour des hausses de température limitées. Il est très probable que toutes les régions subiront soit un déclin de leurs profits nets soit une augmentation de leurs coûts nets par suite d’une hausse de température plus importante que 2° à 3°C [9.ES, 9.5, 10.6, T10.9, 15.3, 15.ES]. Ces observations fondent les preuves relevées dans la troisième Estimation selon lesquelless, tandis que dans les pays développés on s’attend à des pertes relatives plus importantes (en pourcentage), les pertes moyennes mondiales pourraient s’élever à 1-5% du PNB pour un réchauffement de 4°C [F20.3]
Beaucoup d’estimations des coûts agrégés nets des dommages issus du changement climatique autour du globe (c’est-à-dire le coût social du carbone – CSC – exprimé en termes d’avantages futurs nets et de coûts en termes réels) ont été publiées. Des estimations soumises au jugement de pairs chiffrent le CSC en 2005 en moyenne à 43 dollars par tonne de carbone (c’est-à-dire environ 12 dollars par tonne de CO2) mais la répartition est grande autour de cette moyenne. Par exemple, dans une enquête comparant 100 estimations, les valeurs allaient de -10 dollars par tonne de carbone (-3 dollars par tonne de CO2) à 350 dollars par tonne de carbone (95 dollars par tonne de CO2) [20.6].
La large répartition des chiffres du CSC est due en grande partie aux différences de postulats à propos de la sensibilité climatique, aux temps de réponse, au traitement du risque et de l’équité, aux impacts économiques et non économiques, à l’intégration des possibles pertes à la suite de catastrophes, et aux taux d’actualisation. Il est très probable que les chiffres additionnés au niveau mondial sous-estiment les coûts des dommages car ils ne peuvent pas intégrer beaucoup d’impacts non quantifiables. Pris dans son ensemble, l’éventail des preuves publiées indique que les coûts nets des dommages dus au changement climatique seront probablement significatifs et augmenteront probablement avec le temps. [T20.3, 20.6, F20.4]
Il est pratiquement certain que les estimations totales des coûts masquent des différences significatives entre les impacts sur les différents secteurs, régions, pays, et populations. Dans certains endroits et parmi certains groupes de population montrant une exposition élevée, une sensibilité haute et/ou une capacité d’adaptation limitée, les coûts nets seront significativement plus importants que l’addition globale [20.6, 20.ES, 7.4].
Encart RT.7 - Capacité d’adaptation à de multiples facteurs de pression en Inde
La capacité à s’adapter au changement climatique n’est pas distribuée égalitairement au sein des nations. En Inde, par exemple, le changement climatique et la libéralisation du commerce ont modifié le contexte de la production agricole. Certains agriculteurs sont capable de s’adapter à ces nouvelles conditions, y compris des événements isolés comme des sécheresses et des modifications brutales des prix des matières premières agricoles, alors que d’autres ne le peuvent pas. Identifier les zones dans lesquelles les deux processus auront probablement des conséquences dommageables est la première étape dans l’identification des alternatives et des contraintes pour l’adaptation à ces nouvelles conditions [17.3.2].
La figure RT. 17 montre la vulnérabilité régionale au changement climatique, mesurée comme un composite de la capacité d’adaptation et de la sensibilité climatique lors de l’exposition à un changement climatique. Le hachurage double indique les zones qui sont doublement exposées par une vulnérabilité importante au changement climatique et par une haute vulnérabilité à la libéralisation du commerce. Le résultat de cette cartographie montre que les hauts degrés de résilience se concentrent dans les Etats situés le long de la plaine Indo-Gangétique (à l’exception de l’Etat du Bihâr), dans le sud et dans l’est, et qu’une résilience plus basse est présente dans l’intérieur du pays, en particulier dans les Etats de Bihâr, Rajasthan, Madhya Pradesh, Maharastra, Andhra Pradesh et Karnataka [17.3.2].