RT.6.2 Besoins de la recherche à venir
Impacts en fonction des différentes voies de développement postulées
La plupart des études du RE4 sur le changement climatique sont basées sur un petit nombre d’études utilisant les scénarios du RSSE, en particulier ceux des familles A2 et B2 [2.3.1]. Cela a permis une caractérisation limitée mais incomplète de l’éventail des futurs possibles et de leurs impacts [v. la section 4 pour les impacts-clés du futur dans tous les chapitres centraux].
Il est nécessaire de disposer de scénarios :
- Pour décrire l’évolution future du monde sous l’empire de postulats différents et variés sur la façon dont les sociétés, la gouvernance, la technologie et les économies se développeront dans l’avenir ;
- Aux échelles régionale et locale appropriées pour des études d’impact ;
- Qui permettent d’intégrer l’adaptation aux estimations de changements climatiques ;
- Pour des changements climatiques brusques tels que l’arrêt de la circulation thermohaline, et pour des élévations du niveau de la mer à grande échelle en raison de la fonte des nappes glaciaires [6.8] ;
- Au-delà de 2100 (particulièrement pour l’élévation du niveau de la mer) [6.8, 11.8.1].
Les modélisateurs du climat utilisent de plus en plus des ensembles de modèles qui permettent la caractérisation d’un intervalle de probabilité pour chaque processus de développement. De sorte que les analystes des impacts font face à de très grandes quantités de données pour décrire ne serait-ce qu’une petite fraction de l’éventail des futurs possibles. Les outils et les techniques servant à gérer de grandes quantités de données sont un besoin urgent [2.3, 2.4].
Dommages évités par différents niveaux de réduction des émissions
Très peu d’études ont été menées pour examiner les dommages évités, ou les impacts retardés, par la réduction ou la stabilisation des émissions, malgré l’importance cruciale de cette question pour les décideurs politiques. Les rares études disponibles sont passées en revue au chapitre 20 du présent Rapport [20.6.2] et montrent l’importance des dommages qui pourraient être évités par l’atténuation des émissions [T20.4]. Les recherches publiées ont mis l’accent sur l’échelle mondiale, et des études plus pointues aux échelles régionale et même locale sont une urgente nécessité.
Besoins de la recherche liée à la science climatique
Deux des urgences les plus importantes qui ont été identifiées sont liées aux sciences qui s’intéressent au changement climatique. Ce sont clairement des obstacles aux recherches sur les impacts, sur l’adaptation et sur la vulnérabilité.
- La première est que notre compréhension de la probabilité des impacts à venir des changements climatiques est handicapée par le manque de connaissances quant à la nature des futurs changements, particulièrement à l’échelle régionale et par rapport en particulier aux changements dans les précipitations et par rapport à leurs conséquences hydrologiques sur les ressources en eau, et les changements dans les événements extrêmes, dus en partie aux inadéquations entre les modèles climatiques existants aux échelles spatiales nécessaires [T2.5,3.3.1,3.4.1,4.3].
- La seconde est liée aux changements climatiques brusques. Les décideurs politiques ont besoin de comprendre les impacts d’événements comme l’arrêt de la circulation thermohaline. Cependant, sans une meilleure compréhension des manifestations probables de ce genre d’événement à l’échelle régionale, il est impossible de mener à bien des estimations [6.8, 7.6, 8.8, 10.8.3].
Observations, suivi et attribution
Des études de terrain à grande échelle et à long terme sont nécessaires pour évaluer les impacts observés des changements climatiques sur les systèmes gérés et non gérés et sur les activités humaines. Ceci permettra une meilleure compréhension d’où et de quand les impacts deviendront détectables, où sont les sites d’importance particulière et pourquoi certaines zones sont plus vulnérables que d’autres. Des observations de grande qualité sont essentielles pour comprendre en profondeur les causes et pour une attribution univoque des tendances actuelles du changement climatique [1.4.3, 4.8].
Un suivi précis de l’allure à laquelle les seuils significatifs s’approchent (par exemple les seuils des changements climatiques abrupts) est nécessaire [6.8, 10.8.4].
Facteurs de pression multiples, seuils, populations et sites vulnérables
Il est devenu clair, au cours de la rédaction du RE4, que les impacts des changements climatiques sont les plus dévastateurs lorsqu’ils surviennent dans le contexte de multiples facteurs de tension provenant des effets, par exemple, de la mondialisation, de la pauvreté, d’une mauvaise gouvernance, et d’établissements humains situés sur des côtes de faible altitude. Des progrès considérables ont été faits en direction d’une meilleure connaissance de quelles populations à quel endroit seront probablement affectées de façon disproportionnée par les aspects négatifs du changement climatique. Il est important de comprendre quelles sont les caractéristiques qui renforcent la vulnérabilité, quelles sont celles qui renforcent la capacité d’adaptation de certaines personnes et de certains endroits, et quelles sont les caractéristiques qui prédisposent les systèmes physiques, biologiques et humains à des changements irréversibles par suite de leur exposition au climat et à d’autres facteurs de tension [7.1, E7.4, 9.1, 9.ES]. Comment gérer les systèmes pour minimiser le risque de changements irréversibles ? À quelle distance sommes-nous des points d’inflexions et des seuils pour des écosystèmes naturels tels que la forêt amazonienne ? Quelles sont les rétroactions positives qui se feront jour si un point d’inflexion est atteint ?
Changement climatique, adaptation et développement durable.
Le RE4 a reconnu que des synergies ont vu le jour entre la capacité d’adaptation et le développement durable et que les sociétés qui s’engagent sur la voie d’un développement durable seront probablement plus résilientes aux impacts du changement climatique. Des recherches plus approfondies sont nécessaires pour déterminer les facteurs qui contribuent à cette synergie, et comment les politiques publiques destinées à renforcer la capacité d’adaptation peuvent renforcer le développement durable et vice versa [20.9].
Une compréhension plus approfondie de l’adaptation nécessitera probablement des approches d’apprentissage par expérience là où les bases scientifiques sont améliorées par l’accumulation d’expérience pratique.
Les coûts du changement climatique, aussi bien des impacts que des réponses (adaptation et atténuation)
- La littérature disponible pour l’évaluation dans le domaine des coûts des impacts du changement climatique est restreinte. [5.6, 6.5.3, 7.5] La question de la mesure des impacts est encore sujette à controverse, de même que les unités de mesure à employer pour permettre la comparabilité des résultats. [2.2.3, 19.3.2.3, 20.9].
- La littérature sur les coûts et les avantages de l’adaptation est limitée et fragmentée [17.2.3]. Elle se focalise sur l’élévation du niveau de la mer et sur l’agriculture, avec des estimations encore plus limitées sur la demande énergétique, sur les ressources en eau et sur les transports. L’accent est mis sur les Etats-Unis et sur les autres pays de l’OCDE, un petit nombre d’études seulement étant disponible pour les pays en voie de développement [17.2.3].
Une meilleure compréhension des coûts relatifs des impacts du changement climatique et de l’adaptation permet aux décideurs politiques d’envisager des stratégies optimales de mise en palace de politiques d’adaptation, particulièrement pour ce qui concerne leurs aspects temporels et quantitatifs. [17.2.3.1].