Coûts de l’atténuation intersectorielle et coûts macro-économiques
On s’attend à ce que les coûts de mise en place du Protocole de Kyoto soient bien moindres que les estimations du TER par suite du refus des Etats-Unis de ratifier le Protocole. En utilisant complètement les mécanismes flexibles de Kyoto, on estime que les coûts se monteront à moins de 0,05% du PIB de l’Annexe B (hors Etats-Unis) (Annexe B TRE: 0,1-1,1%). Sans les mécanismes flexibles, on estime aujourd’hui les coûts à moins de 0,1% (TRE 0,2-2%) (bon accord, nombreuses mises en évidence) [11.4].
Les études qui modélisent l’atténuation après 2012 ont été évaluées en fonction de leurs effets sur la diminution du CO2 vers 2030, le coût du carbone nécessaire et leurs effets sur le PIB ou le PNB (pour les effets à long terme de la stabilisation après 2030, voir le chapitre 3). Pour les processus de Catégorie IV (Stabilisation à environ 650 ppm CO2-éq) avec une baisse du CO2 de moins de 20% en dessous de la situation de référence et jusqu’à un coût du carbone de 25 $US/tCO2, les études laissent à penser que le produit mondial brut serait, au pire, d’environ 0,7% inférieur à la situation basale vers 2030, ce qui est cohérent avec la médiane de 0,2% et l’intervalle du 10e au 90e percentile, soit -0,6 à 1,2% pour tous les scénarios cités au chapitre 3.
Les effets sont plus incertains pour les modèles de développement plus astreignants en Catégorie III (stabilisation autour de 550 ppm CO2-éq) avec une baisse du CO2 de moins de 40% et un coût du carbone allant jusqu’à 50 US$/tCO2, la plupart des études suggérant des coûts inférieurs à 1% du produit mondial brut, ce qui est cohérent avec la médiane de 0,6% et l’intervalle des 10e au 90e percentile de 0 à 2,5% pour tout le lot du Chapitre 3. Encore une fois, les estimations dépendent largement des approches et des postulats. Les rares études comportant des valeurs de référence qui requièrent des réductions de CO2 plus importantes pour atteindre leurs objectifs requièrent aussi des coûts du carbone plus élevés et la plupart rapportent des coûts plus importants pour le PIB. Pour ce qui concerne les études des catégories I et II (stabilisation entre 445 et 535 ppm CO2-éq), les coûts sont inférieurs à une perte de 3 points de PIB, mais le nombre d’études est relativement restreint et elles utilisent généralement des valeurs de référence basses. Les estimations les plus basses des études ici évaluées, comparées au lot complet rapporté au chapitre 3, proviennent principalement d’une plus grande partie d’études qui permettent une innovation technologique plus avancée, déclenchée par des politiques publiques, particulièrement pour les scénarios d’émissions les plus astreignants (bon accord, nombreuses mises en évidence) [11.4].
Toutes les approches indiquent qu’il n’existe pas de secteur ou de technologie isolée qui pourrait traiter le défi de l’atténuation avec succès en restant isolé, ce qui laisse à penser qu’il est nécessaire de mettre au point des portefeuilles diversifiés, basés sur une variété de critères. Les évaluations descendantes se joignent aux résultats des évaluations ascendantes pour suggérer que des coûts du carbone compris entre 20 et 50 US$ / tCO2-éq (73-183 US$/tC-éq) sont suffisants pour conduire des commutations de carburant à grande échelle et stimuler le CCS et des ressources sobres en carbone économique à mesure que les technologies atteignent leur stade de maturité. Des incitations de cet ordre peuvent aussi jouer un rôle important pour éviter la déforestation. Les différents modèles à court et à long terme aboutissent à des estimations différentes, dont la variation peut être principalement expliquée par les approches et les postulats quant à l’utilisation des revenus des taxes et des permis du carbone, le traitement des changements technologiques, le degré de substituabilité entre les produits commercialisés internationalement, et la désagrégation des produits et des marchés régionaux (bon accord, nombreuses mises en évidence) [11.4, 11.5, 11.6].
Le développement du coût du carbone et les réductions d’émissions correspondantes vont déterminer le niveau auquel les concentrations atmosphériques de GES peuvent être stabilisées. Les modèles laissent à penser qu’une augmentation prévisible et continue du coût du carbone qui atteindrait 20 à 50 $US/tCO2-éq vers 2020-2030 correspond à une stabilisation de catégorie III (550 ppm CO2-éq). Pour une stabilisation de catégorie IV (650 ppm CO2-éq), ce niveau de prix pourrait être atteint après 2030. Pour aboutir à une stabilisation à des niveaux situés entre 450 et 550 ppm CO2-éq, un coût du carbone allant jusqu’à 100 $US/tCO2-éq devra être atteint en 2030 environ (accord moyen, mises en évidence moyennement nombreuses) [11.4, 11.5, 11.6].
Dans tous les cas, les trajectoires aboutissant à des niveaux de stabilisation moindre, particulièrement pour la catégorie III et en-dessous, requerraient de nombreuses mesures complémentaires tournant autour de l’efficacité énergétique, l’approvisionnement énergétique sobre en carbone, d’autres actions d’atténuation et actions évitant d’investir dans des stock de capital à haute teneur en carbone et à longue durée de vie. L’étude des décisions politiques sous incertitude souligne le besoin de renforcer les actions précoces, particulièrement lorsque des infrastructures à longue durée de vie et d’autres stocks de capital sont impliqués. Les infrastructures du secteur énergétique (y compris les centrales électriques) à elles seules auront besoin d’environ 20 billions de dollars US jusqu’en 2030 au moins et les options de stabilisation seront sévèrement limitées par la nature et par l’intensité carbone de ces investissements, les investissements complémentaires nets allant de chiffres négligeables jusqu’à moins de 5% (bon accord, nombreuses mises en évidence) [11.6].
Pour ce qui concerne l’analyse du portefeuille des actions gouvernementale, une conclusion générale consiste à dire que ce portefeuille d’options, s’il tente de ventiler les réductions entre les secteurs d’une façon apparemment équitable (p.ex. en imposant des réductions égales en pourcentage), sera probablement plus coûteux qu’une approche prioritairement guidée par la rentabilité. Des portefeuilles d’options énergétiques entre secteurs qui comprennent des technologies sobres en carbone réduiront les risques et les coûts, parce qu’on s’attend à ce que les prix des combustibles fossiles soient davantage volatils par rapport aux coûts représentés par les alternatives, en complément aux avantages habituels retirés de la diversification. Une seconde conclusion générale est que les coûts baisseront si les options corrigent les imperfections du marché à la fois sur les dommages des changements climatiques et sur les avantages de l’innovation technologiques, par exemple en recyclant les revenus tirés de la vente aux enchères des permis d’émissions pour soutenir des innovations à haute efficacité technologiques et sobres en carbone (bon accord, mises en évidence moyennement nombreuses) [11.4].