IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007
Rapport du Groupe de travail III - L’atténuation du changement climatique

11 Options d’atténuation intersectorielles

Option d’atténuation à travers les différents secteurs

Alors que de nombreuses options technologiques, comportementales et politiques parmi celles qui sont mentionnées dans les chapitres 4 à 10 concernent des secteurs spécifiques, certaines technologies et certaines politiques participent à de nombreux secteurs; par exemple, l’utilisation de la biomasse et la commutation de combustibles gourmands en carbone au gaz affecte l’approvisionnement énergétique, les transports, le secteur industriel et celui de la construction. Outre les potentiels issus des technologies communes, ces exemples mettent aussi en évidence les possibles concurrences pour les ressources, comme les finances et le soutien à la R&D [11.2.1].

La compilation ascendante des potentiels d’atténuation par secteur est compliquée par les interactions et les débordements entre secteurs, à travers le temps, les régions et les marchés. Une série de procédures formelles a été utilisée pour éliminer les doublons possibles dans la comptabilisation, comme la réduction des capacités nécessaires pour le secteur de l’énergie en raison des économies d’électricité réalisées dans les secteurs industriels et de la construction. Une telle intégration des potentiels sectoriels est nécessaire pour faire la somme des évaluations sectorielles présentées dans les chapitres 4 à 10. L’incertitude du résultat est influencée par les questions de comparabilité entre les calculs sectoriels, par la différence de couverture entre les secteurs (le secteur des transports par exemple) et l’agrégation elle-même, dans laquelle les principales interactions directes entre secteurs a été prise en compte [11.3.1].

Les estimations descendantes ont été dérivées des scénarios de stabilisation, c’est-à-dire des processus aboutissant à la stabilisation de la concentration des GES atmosphériques à long terme [3.6].

Les figures RT.26 et RT.27 montrent que les estimations locales mettent l’accent sur les occasions d’options sans regrets dans de nombreux secteurs, une estimation ascendante de tous les secteurs vers 2030 arrivant à environ 6 GtCO2-éq à des coûts négatifs, c’est-à-dire un bénéfice net. Une large part des options sans regrets se situe dans le secteur de la construction. Le total des options ascendantes à bas coût (sans regrets et autres options coûtant moins que 20 US$/tCO2-éq) se situe autour de 13 GtCO2-éq (les intervalles sont traités ci-dessous). Il existe encore d’autres potentiels ascendants d’environ 6 et 4 GtCO2-éq pour des coûts supplémentaires de <50 et 100 US$ / tCO2-éq respectivement (accord moyen, mises en évidence moyennement nombreuses) [11.3.1].

Figure RT.26

Figure RT.26 A : Potentiel économique mondial d’atténuation en 2030, selon les estimations ascendantes. Données tirées du Tableau RT.15. [Figure 11.3]

Figure RT.26B : Potentiel économique mondial d’atténuation en 2030, selon les estimations descendantes. Données tirées du Tableau RT.16. [Figure 11.3]

Figure RT.27

Figure RT.27 : estimation du potentiel économique sectoriel d’atténuation mondiale pour différentes régions en fonction du coût du carbone en 2030, selon les études ascendantes, en comparaison avec les valeurs de références en postulées dans l’évaluation du secteur. On trouvera une explication complète de la dérivation du chiffre en section 11.3.

Notes :

1. Les plages de données pour les potentiels économiques mondiaux tels qu’ils ont été estimés pour chaque secteur sont représentées par des lignes verticales. Les plages de données sont basées sur l’allocation des émissions en utilisation finale, ce qui signifie que les émissions dues à l’utilisation de l’électricité sont comptabilisées dans les secteurs d’utilisation finale et non dans le secteur de la production énergétique.

2. L’estimation des potentiels a été restreinte par la disponibilité des études, particulièrement pour les plus hauts niveaux de coût du carbone.

3. Les secteurs utilisent différentes valeurs de référence. Pour l’industrie, on a utilisé les valeurs de référence RSSE B2, pour la production et le transport de l’énergie, on a utilisé les valeurs de référence WEO de 2004 ; le secteur de la construction se base sur des valeurs de référence situées entre les RSSE B2 et A1B ; pour les déchets, les facteurs du RSSE A1B ont été utilisées pour construire une valeur de référence spécifique aux déchets ; l’agriculture et la foresterie ont utilisé des valeurs de références qui sont principalement basées sur les facteurs B2.

4. Ne figurent que les chiffres des totaux mondiaux de transport car l’aviation internationale n’est pas comprise [5.4].

5. Les catégories exclues sont : les émissions non-CO2 dans la construction et les transports, une partie des options d’efficacité matérielle, la production de chaleur et la cogénération dans la production énergétique, les poids lourds, le transport de fret et les transports de passagers à haut taux d’occupation, la plupart des options à coûts élevés pour la construction, le traitement des eaux usées, la réduction des émissions des mines de charbon et les gazoducs, les gaz fluorés issus de la production énergétique et les transports. La sous-estimation du potentiel économique total de ces émissions est de l’ordre de 10 à 15%.

Tableau RT.15 : Potentiel économique mondial d’atténuation en 2030, selon les estimations ascendantes

Coût du carbone (US$/tCO2-éq) Potentiel économique (GtCO2-éq/an) Réduction relative au RSSE A1 B (68 GtCO2-éq/an) (%) Réduction relative au RSSE B2 (49 GtCO2-éq/an) (%) 
0 5-7 7-10 10-14 
20 9-17 14-25 19-35 
50 13-26 20-38 27-52 
100 16-31 23-46 32-63 

Il y a plusieurs qualifications de ces estimations outre celles qui sont mentionnées ci-dessus. En premier lieu, dans les estimations ascendantes, une série d’options de réduction d’émissions, principalement issues de la cogénération, sont exclues car la littérature existante n’a pas permis une évaluation fiable. On estime que les potentiels ascendants sont ainsi sous-estimés de 10 à 15%. En second lieu, les chapitres identifient un certain nombre de sensibilités-clés qui n’ont pas été quantifiées, en lien avec les prix de l’énergie, les taux d’escompte et la mise à l’échelle des résultats régionaux pour les options agricoles et forestières. Troisièmement, on manque d’estimations pour beaucoup de pays EET et une fraction substantielle de la région hors OCDE / hors EET [11.3.1].

Les estimations des potentiels à des prix du carbone <20 US$/tCO2-éq sont plus faibles que les estimations ascendantes du TRE qui avaient été évaluées pour des prix du carbone <27 US$/tCO2-éq, en raison de la meilleure information contenue dans la littérature récente (bon accord, nombreuses mises en évidence).

Les tableaux RT.16 et RT.17 montrent que le potentiel ascendant total est comparable à celui des résultats des modèles pour 2030 issus de modèles descendants, comme rapport dans le chapitre 3.

Au niveau sectoriel, ont trouve des différences plus importantes entre les chiffres ascendants et descendants, principalement parce que les définitions des secteurs dans les modèles descendants diffèrent souvent de celles qui sont employées dans les évaluations descendantes (Tableau RT.17). Bien qu’il y ait de légères différences entre les valeurs de référence postulées pour les estimations ascendantes et descendantes, les résultats sont assez proches pour fournir une estimation solide du potentiel économique d’atténuation total vers 2030. Le potentiel d’atténuation à des prix du carbone de <100 US$ / tCO2-éq est d’environ 20 à 50% des émissions de référence de 2030 (bon accord, nombreuses mises en évidence).

Le Tableau RT.17 montre que pour l’analyse du site d’émission[18] , une grande partie du potentiel d’atténuation à long terme réside dans le secteur de l’approvisionnement énergétique : Toutefois, pour une analyse du secteur d’utilisation finale comme il a été utilisé dans les résultats de la Figure RT.27, le potentiel le plus important réside dans les secteurs de la construction et de l’agriculture. Pour l’agriculture et le secteur forestier, les estimations descendantes sont plus basses que celles qui proviennent des études ascendantes. Cela est dû au fait que ces secteurs ne sont généralement pas bien couverts par les modèles descendants. Les estimations issues de l’approvisionnement énergétique et de l’industrie dans les modèles descendants sont généralement plus hautes que celles qui proviennent des évaluations ascendantes (bon accord, mises en évidence moyennement nombreuses) [11.3.1].

Tableau RT.16 : Potentiel économique mondial d’atténuation en 2030, selon les estimations descendantes.

Coût du carbone (US$/tCO2-éq) Potentiel économique (GtCO2-éq/an) Réduction relative au RSSE A1 B (68 GtCO2-éq/an) (%) Réduction relative au RSSE B2 (49 GtCO2-éq/an) (%) 
20 9-18 13-27 18-37 
50 14-23 21-34 29-47 
100 17-26 25-38 35-53 

Tableau RT.17 : Potentiel économique d’atténuation sectorielle vers 2030; comparaison d’études ascendantes [issues du Tableau 11.] et descendantes [issues de la Section 3.6] [Tableau 11.5].

Ch. du Rapport  Secteurs Potentiel sectoriel (“ascendant”) vers 2030 (GtCO2-éq/an) Photographie de l’atténuation vers 2030, selon le modèle à l’échelle de l’économie (“descendant”) (GtCO2-éq/an) 
Affectation sectorielle pour l’utilisation finale (affectation des économies d’électricité aux secteurs d’utilisation finale) Affectations au site d’émissions (réduction d’émissions des économies d’électricité d’utilisation finales allouées au secteur de l’approvisionnement énergétique) 
Carbon price <20 US$/tCO2-eq 
 Faible Haut Faible Haut Faible Haut 
4 Approvisionnement & conversion énergétiques 1.2 2.4 4.4 6.4 3.9 9.7 
5 Transports 1.3 2.1 1.3 2.1 0.1 1.6 
6 Construction 4.9 6.1 1.9 2.3 0.3 1.1 
7 Industrie 0.7 1.5 0.5 1.3 1.2 3.2 
8 Agriculture 0.3 2.4 0.3 2.4 0..6 1.2 
9 Foresterie 0.6 1.9 0.6 1.9 0.2 0.8 
10 Déchets 0.3 0.8 0.3 0.8 0.7 0.9 
11 Total  9.3 17.1 9.1 17.9 8.7 17.9 
    coût du carbone <50 US$/tCO2-éq  
4 Approvisionnement & conversion énergétiques 2.2 4.2 5.6 8.4 6.7 12.4 
5 Transports 1.5 2.3 1.5 2.3 0.5 1.9 
6 Construction 4.9 6.1 1.9 2.3 0.4 1.3 
7 Industrie 2.2 4.7 1.6 4.5 2.2 4.3 
8 Agriculture 1.4 3.9 1.4 3.9 0.8 1.4 
9 Foresterie 1.0 3.2 1.0 3.2 0.2 0.8 
10 Déchets 0.4 1.0 0.4 1.0 0.8 1.0 
11 Total  13.3 25.7 13.2 25.8 13.7 22.6 
   coût du carbone <100 US$/tCO2-éq 
4 Approvisionnement & conversion énergétiques 2.4 4.7 6.3 9.3 8.7 14.5 
5 Transports 1.6 2.5 1.6 2.5 0.8 2.5 
6 Construction 5.4 6.7 2.3 2.9 0.6 1.5 
7 Industrie 2.5 5.5 1.7 4.7 3.0 5.0 
8 Agriculture 2.3 6.4 2.3 6.4 0.9 1.5 
9 Foresterie 1.3 4.2 1.3 4.2 0.2 0.8 
10 Déchets 0.4 1.0 0.4 1.0 0.9 1.1 
11 Total  15.8 31.1 15.8 31.1 16.8 26.2 

Sources : Tableaux 3.16, 3.17 et 11.3

V. les notes des Tableaux 3.16, 3.17 et 11.3, et l’annexe 11.1.

Les options bioénergétiques sont importantes pour de nombreux secteurs jusqu’en 2030, avec un potentiel de croissance substantiel après cette date, bien qu’aucune étude complète et intégrée ne soit disponible pour les bilans offre – demande. Les pré-conditions-clés pour ce genre de contributions sont le développement de capacité de biomasse (cultures énergétiques) en équilibre avec des investissements dans les pratiques agricoles, les capacités logistiques et les marchés, de même que la commercialisation d’unités de production de biocarburants de seconde génération. La production et l’usage durables de biomasse pourrait assurer que les questions liées à la compétition pour les terres, les ressources alimentaires, la biodiversité et les impacts socio-économiques ne créent pas d’obstacles (bon accord, mises en évidence limitées) [11.3.1.4].

Outre les options d’atténuation mentionnées dans les chapitres sectoriels (4-10), on a mis en avant des solutions de géo-ingénierie à la recrudescence de l’effet de serre. Cependant, les options qui consistent par exemple à soustraire le CO2 directement de l’air, par fertilisation ferreuse des océans, ou de bloquer le rayonnement solaire, restent hautement spéculatives et peuvent présenter des risques d’effets collatéraux inattendus. Bloquer la lumière du soleil n’a pas d’impact sur la hausse des niveaux de CO2 atmosphérique à laquelle on s’attend, mais cela pourrait réduire ou éliminer le réchauffement correspondant. Cette déconnexion du lien entre la concentration en CO2 et les températures mondiales pourrait avoir des conséquences bénéfiques, par exemple, en augmentant la productivité de l’agriculture et de la foresterie (tant que la fertilisation par le CO2 se produit) mais elle n’atténue ni ne traite les autres impacts telle l’acidification accélérée des océans. Des estimations de coûts détaillées de ces options n’ont pas été publiées et elles ne disposent pas de cadre institutionnel clair pour leur mise en place (accord moyen, mises en évidence limitées) [11.2.2].

  1. ^  Dans une analyse des débits d’émission, les émissions provenant de l’usage de l’électricité sont attribuées au secteur de la distribution d’énergie. Dans une analyse du secteur de l’utilisation finale, les émissions d’électricité sont attribuées au secteur de l’utilisation finale y relatif (particulièrement pertinent pour l’industrie et la construction). .