Coûts, bénéfices et concepts intégrant les perspectives des coûts privés et sociaux et les corrélations avec d’autres cadres de prise de décision
Il y a plusieurs façons différentes de définir le potentiel d’atténuation et c’est la raison pour laquelle il est important de spécifier de quel potentiel on parle. « Potentiel » est utilisé pour exprimer le degré de réduction des GES qui peut être accompli par une option d’atténuation, pour un certain coût par tonne de carbone évitée pendant une période donnée, en comparaison avec un cas de référence ou de base. La mesure est généralement exprimée en million(s) de tonnes de carbone ou d’équivalents-CO2 évitées par comparaison avec les émissions de base [2.4.3].
Le potentiel du marché est le potentiel d’atténuation basé sur des coûts privés et des taux d’escompte privés dont on peut attendre qu’ils se produisent sous certaines conditions de marché prédites, y compris les politiques publiques et les mesures actuellement en place, en prenant note que des obstacles peuvent limiter les absorptions effectives.
Le potentiel économique est le montant d’atténuation des GES qui prend en compte les coûts et les bénéfices sociaux et les taux d’escompte sociaux en postulant que l’efficacité du marché est améliorée par les politiques publiques et les mesures et que les obstacles sont éliminés. Cependant les études ascendantes et descendantes actuelles du potentiel économique font montre de limitations dans la prise en compte des choix de style de vie et dans l’intégration de toutes les externalités, comme la pollution de l’air.
Le potentiel technique est le montant de réductions de GES possible par la mise en place de technologies ou de pratiques dont on a déjà démontré l’efficacité. Il n’y a ici aucune référence spécifique aux coûts, seulement aux « contraintes pratiques », bien que des considérations économiques implicites aient été prises en considération dans certains cas (bon accord, nombreuses mises en évidence) [2.4.3].
Les études du potentiel du marché peuvent être employées pour informer les décideurs politiques du potentiel d’atténuation compte tenu des politiques et des obstacles existants, tandis que les études traitant du potentiel économique montrent qu’il peut être accompli si de nouvelles politiques publiques complémentaires étaient mises en place pour éliminer les obstacles et intégrer les coûts et bénéfices sociaux. Le potentiel économique est ainsi généralement plus important que le potentiel du marché.
Le potentiel d’atténuation est estimé à l’aide de différents types d’approches. Il en existe deux classes assez larges – les approches « ascendantes » et « descendantes » (ou inductives et déductives) qui ont été utilisées en priorité pour estimer le potentiel économique :
- Les études ascendantes sont basées sur les estimations des alternatives d’atténuation, en mettant l’accent sur des technologies et des réglementations spécifiques. Il s’agit typiquement d’études sectorielles qui postulent la constance de la macroéconomie. Les estimations de secteurs ont été agrégées, comme dans le PRE, pour fournir une estimation du potentiel global d’atténuation au sein de la présente évaluation.
- Les études descendantes évaluent le potentiel des options d’atténuation à travers l’ensemble de l’économie. Elles utilisent des cadres cohérents au niveau global et des informations agrégées à propos des alternatives d’atténuation et prennent en compte les rétroactions macroéconomiques et celles du marché.
Les études ascendantes, en particulier, sont utiles dans l’évaluation d’options politiques spécifiques au niveau sectoriel, p.ex. les options disponibles pour améliorer l’efficacité énergétiques, tandis que les études descendantes sont utiles pour évaluer les politiques liées aux changements climatiques au niveau de l’ensemble de l’économie, comme les taxes sur le carbone et les politiques de stabilisation. Les modèles ascendants et descendants se ressemblent de plus en plus, depuis le PRE, au fur et à mesure que les modèles descendants ont intégré davantage d’options d’atténuation technologiques (v. chapitre 22) et que les modèles ascendants ont intégré davantage de rétroactions macroéconomiques et du marché, de même que l’analyse des obstacles, dans leurs structures de modèle.