IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007
Rapport du Groupe de travail III - L’atténuation du changement climatique

4 Approvisionnement energetique

Situation du secteur et développements jusqu’en 2030

La demande énergétique mondiale continue à augmenter, mais avec des différences régionales. La croissance annuelle moyenne de la consommation globale d’énergie primaire se montait à 1,4% pour la période 1990-2004. Ce chiffre est inférieur à ceux des deux décennies précédentes en raison de la transition économique en Europe orientale, dans le Caucase et en Asie Centrale, mais la consommation énergétique dans cette région augmente à nouveau (Figure RT.12) (bon accord, nombreuses mises en évidence) [4.2.1].

Figure RT.12

Figure RT.12 : consommation annuelle d’énergie primaire, y compris la biomasse traditionnelle, 1971-2003 [figure 4.2]. Note : EOCAC: pays d’Europe orientale, du Caucase et d’Asie Centrale. 1000 Mtoe = 42 EJ

Une croissance rapide de la consommation énergétique par tête prend place dans beaucoup de pays en voie de développement. L’Afrique est la région qui montre la consommation par tête la moins élevée. La hausse des prix du pétrole et du gaz compromettent l’accès à l’énergie, l’équité et le développement durable dans les pays les plus pauvres et interfère avec le progrès vers les objectifs de réduction de la pauvreté qui, à leur tour, impliqueraient un meilleur accès à l’électricité, aux moyens modernes de chauffer la nourriture et à de meilleurs combustibles de chauffage et de transports (bon accord, nombreuses mises en évidence) [4.2.4].

La consommation totale de combustibles fossiles a augmenté constamment au cours des trois dernières décennies. La consommation d’énergie nucléaire a continué d’augmenter, bien qu’à un rythme moindre que dans les années 1980. Les ordres de grandeur d’énergie hydroélectrique et géothermique sont relativement statiques. Entre 1970 et 2004, la part des combustibles fossiles est passée de 86% à 81%. Les énergies éoliennes et solaires sont celles qui se développent le plus vite, mais en partant d’une base très faible (Figure RT.13) (bon accord, nombreuses mises en évidence) [4.2].

Figure RT.13

Figure RT.13 : consommation mondiale d’énergie primaire par type de combustible [figure 4.5)

La plupart des scénarios « la machine continue de tourner » (business-as-usual, BAU) prennent en compte une poursuite de la croissance démographique mondiale (bien qu’à un rythme moindre qu’on le pensait il y a quelques décennies) et une croissance du PIB, aboutissant à une augmentation significative de la demande énergétique. Des taux de croissance importants de la demande énergétique en Asie (3,2% par an entre 1990 et 2004) continueront, selon les projections, d’être alimentés principalement par des carburants fossiles (bon accord, nombreuses mises en évidence) [4.2].

La pénurie absolue de carburants fossiles à l’échelle mondiale n’est pas un facteur significatif dans la considération de l’atténuation des changements climatiques. La production pétrolière conventionnelle finira par atteindre son pic, mais la détermination de quand et ce qu’en seront les répercussions est incertaine. L’énergie contenue dans le gaz naturel conventionnel est plus abondante que celle qui est enfermée dans le pétrole mais, comme pour le pétrole, le gaz n’est pas distribué de façon égalitaire dans le monde. Dans l’avenir, le manque de sécurité de l’approvisionnement en pétrole et en gaz pour les nations consommatrices pourrait générer un déplacement vers le charbon, l’énergie nucléaire et / ou les énergies renouvelables. Il y a aussi une tendance vers les conteneurs énergétiques les plus efficaces et les plus pratiques (l’électricité, les carburants liquides et gazeux) en lieu en place de combustibles solides (bon accord, nombreuses mises en évidence) [4.3.1].

Dans toutes les régions du monde, l’accent sur la sécurité des approvisionnements a augmenté depuis le Troisième Rapport d’évaluation (TRE). Cette situation est couplée avec une baisse des investissements dans les infrastructures, une demande globale en augmentation, une instabilité politique dans les zones-clés et des menaces de conflits, de terrorisme et d’événements météorologiques extrêmes. De nouveaux investissements en infrastructures énergétiques dans les pays en voie de développement et la mise à jour des capacités dans les pays industrialisés ouvre une fenêtre d’opportunité pour l’exploitation des avantages associés des choix faits dans le panier énergétiques afin de faire baisser les émissions d GES par rapport à ce qu’ils seraient sinon (bon accord, nombreuses mises en évidence) [4.2.4; 4.1]

Le casse-tête de nombreux gouvernements est devenu aujourd’hui de savoir comment satisfaire une demande croissante pour des services énergétiques fiables tout en limitant les coûts économiques de leurs éléments constitutifs, d’assurer la sécurité énergétique, de réduire la dépendance aux sources d’énergie importées, et de minimiser les émissions des GES associés et d’autres polluants. La sélection de systèmes d’approvisionnement énergétique pour chaque région du monde dépendra de leur développement, des infrastructures existantes et des coûts comparatifs locaux des sources d’énergie disponibles (bon accord, nombreuses mises en évidence) [4.1]

Si les prix des combustibles fossiles restent élevés, il est possible que la demande baisse temporairement jusqu’à ce que les réserves d’hydrocarbures sous forme de sables et schistes bitumineux, de charbon liquéfié, de gaz liquéfié etc. soient commercialement viables. Si cela se produisait, les émissions augmenteraient encore avec l’intensité carbone, à moins que le captage et stockage du carbone (CSC) ne soit appliqué. En raison de préoccupations croissantes liées à la sécurité énergétique et des augmentations récentes du prix du gaz, un intérêt croissant se manifeste pour les nouvelles usines de production énergétique à charbon, plus efficaces que par le passé. Une question cruciale pour les émissions de GES à venir est de savoir à quel rythme les usines à charbon seront équipées de technologie de CSC, qui fera monter le coût de l’électricité. Il restera à déterminer si la construction de centrales « prêtes au piégeage » sera plus rentable que de rénover les usines existantes ou de construire une nouvelle centrale intégrée avec le CSC. La réponse dépendra des postulats économiques et techniques du moment. Des prix de combustibles fossiles demeurant élevés pourraient aussi aboutir sur davantage d’énergie nucléaire et / ou renouvelable, bien que la volatilité des prix puisse décourager les investisseurs. Les préoccupations liées à la sécurité, à la prolifération des armements et des déchets restent des contraintes liées à l’énergie nucléaire. L’hydrogène pourrait être, à terme, mis à contribution comme conteneur d’énergie à faible émission de carbone, en fonction de la source de la production d’hydrogène et du succès des équipements de CSC appliqués à la production d’hydrogène à partir de charbon ou de gaz. Pour ce qui concerne les énergies renouvelables, soit elles devront être utilisées de manière distribuée, soit elles devront être concentrées pour remplir la demande intensive des villes et des industries car, contrairement aux combustibles fossiles, les sources d’énergie renouvelable sont largement répandues, avec un retour énergétique faible par zone d’exploitation (accord moyen, mises en évidence moyennement nombreuses) [4.3].

Si la demande énergétique continue à croître le long de sa trajectoire actuelle, un système d’infrastructures et de conversion amélioré nécessitera vers 2030 un investissement cumulé de plus de 20 billions de US$2005 (20 x 1012]. En comparaison, l’investissement en capital total de l’industrie énergétique mondiale se monte actuellement à 300 milliards de US$ par année (300 x 109) (accord moyen, mises en évidence moyennement nombreuses) [4.1].