D. Atténuation à long terme (après 2030)
18. Pour que les concentrations de GES atmosphériques se stabilisent, les émissions devraient d’abord atteindre un maximum puis décroître. Plus le niveau de stabilisation sera bas, plus le temps de croissance et de décroissance sera court. Les efforts en matière d’atténuation qui seront fournis au cours des deux ou trois prochaines décennies auront un rôle important lors des occasions d’abaisser les niveaux de stabilisation (voir tableau RID.5, et figure RID.8) (bon accord, nombreuses mises en évidence).
- Des études récentes faisant appel à une réduction de plusieurs gaz ont exploré des niveaux de stabilisation inférieurs à ceux qui avaient été envisagés dans le TRE. [3.3].
- Concernant la stabilisation des concentrations de GES , les études évaluées présentent une série de profils d’émissions. La plupart des études sont fondées sur l’approche du moindre coût et incluent à la fois les réductions d’émissions précoces et à tardives (figure RID.7) [Encadré RID.2]. Le tableau RID.5 résume les niveaux d’émissions requis pour divers groupes de concentrations stabilisées, ainsi que l’augmentation à l’équilibre de la température moyenne globale, sur la base de la “meilleure estimation” de la sensibilité climatique (concernant le degré vraisemblable d’incertitude, voir également la figure RID.8). La stabilisation des concentrations et des températures à l’équilibre à des niveaux plus bas avance le moment où les émissions devront atteindre leur maximum et exige des réductions d’émissions plus importantes pour l’an 2050 [3.3].
Tableau RID.5: Caractéristiques des scénarios de stabilisation post-TRE [Tableau RS 2, 3.10]a)
Catégorie | Forçage radiatif (W/m2) | Concentration en CO2c) (ppm) | Concentration en eq-CO2c) (ppm) | Augmentation de la température moyenne globale au-dessus de l’équilibre préindustriel, en utilisant “la meilleure estimation” de la sensibilité climatiqueb), c)(ºC) | Année du maximum des émissions de CO2d) | Changement des émissions globales de CO2 en 2050 (% par rapport aux émissions en 2000)d) | Nombre de scénarios évalués |
---|
I | 2.5-3.0 | 350-400 | 445-490 | 2.0-2.4 | 2000-2015 | -85 to -50 | 6 |
II | 3.0-3.5 | 400-440 | 490-535 | 2.4-2.8 | 2000-2020 | -60 to -30 | 18 |
III | 3.5-4.0 | 440-485 | 535-590 | 2.8-3.2 | 2010-2030 | -30 to +5 | 21 |
IV | 4.0-5.0 | 485-570 | 590-710 | 3.2-4.0 | 2020-2060 | +10 to +60 | 118 |
V | 5.0-6.0 | 570-660 | 710-855 | 4.0-4.9 | 2050-2080 | +25 to +85 | 9 |
VI | 6.0-7.5 | 660-790 | 855-1130 | 4.9-6.1 | 2060-2090 | +90 to +140 | 5 |
Total | 177 |
19. La plage des niveaux de stabilisation évalués pourrait être atteinte en déployant tant un éventail de technologies qui existent déjà sur le marché, que celles dont on attend la commercialisation dans les décennies à venir. Cela présuppose des stimuli appropriés et efficaces pour le développement, l’acquisition, le déploiement et la diffusion des technologies, ainsi que pour surmonter les obstacles qui leurs sont associés (bon accord, nombreuses mises en évidence).
- La contribution des diverses technologies à la réduction des émissions requise pour la stabilisation, variera dans le temps, selon les régions et les niveaux de stabilisation.
- L’efficience énergétique a un rôle prépondérant dans de nombreux scénarios pour la plupart des régions et échelles de temps.
- Pour les niveaux de stabilisation les plus bas, les scénarios mettent surtout l’accent sur l’utilisation des sources d’énergie sobres en carbone, telles que les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire, ainsi que l’utilisation des techniques de piégeage et stockage du CO2 (PSC). Dans ces scénarios, les améliorations apportées à l’approvisionnement en énergie à forte intensité de carbone, ainsi que, d’ailleurs, à l’économie dans son ensemble, doivent suivre un rythme plus rapide que dans le passé.
- Les objectifs prévus en matière de stabilisation et de réduction des coûts peuvent être atteints par le biais d’investissements dans les technologies à faible intensité de GES et les technologies peuvent être améliorées grâce aux programmes publics et privés de Recherche, Développement et Démonstration (RD&D). Plus les niveaux de stabilisation seront bas, notamment pour les émissions égales ou inférieures à 550 ppm d’eq-CO2, plus les efforts à fournir en matière de RD&D et d’investissements dans de nouvelles technologies devront être importants pendant les quelques décennies à venir. Ce qui nécessite une approche efficace des obstacles au développement, à l’acquisition, au déploiement et à la diffusion des technologies.
- Ces obstacles pourraient être surmontés grâce à des incitations appropriées, qui permettraient d’atteindre les objectifs d’un vaste éventail de technologies. [2.7, 3.3, 3.4, 3.6, 4.3, 4.4, 4.6].
20. On prévoit qu’en 2050, les coûts macroéconomiques moyens globaux de l’atténuation de gaz multiples visant une stabilisation de 710 et 445 ppm eq-CO2, représenteraient 1% de bénéfices contre une diminution de 5,5% du PIB mondial (voir tableau RID.6). Les coûts s’écartent considérablement de la moyenne mondiale lorsqu’il s’agit de pays et de secteurs particuliers. (Voir Encadré RID.3 pour ce qui concerne les méthodes et les hypothèses, et le paragraphe 5 pour ce qui concerne l’explication des coûts négatifs) (bon accord, mises en évidence moyennement nombreuses)
Tableau RID.6: Coûts macroéconomiques mondiaux estimés pour 2050, par rapport à la base de référence des politiques à moindre coût visant divers objectifs de stabilisation à long terme a) [3.3, 13.3]
Niveau de stabilisation (ppm eq-CO2) | Réduction médiane du PIBb) (%) | Fourchette des réductions du PIB b), c) (%) | Réduction du taux annuel moyenb), d) de croissance du PIB (points de pourcentage) |
---|
590-710 | 0.5 | -1 - 2 | <0.05 |
535-590 | 1.3 | slightly negative - 4 | <0.1 |
445-535e) | not available | <5.5 | <0.12 |
21. La prise de décision quant au niveau d’atténuation global approprié dans le temps implique des processus de gestion des risques itératifs, incluant les mesures d’atténuation et d’adaptation, compte tenu des dommages effectifs et évités du changement climatique, des avantages connexes, de la durabilité, de l’équité et des comportements face aux risques. Pour choisir l’échelle spatio-temporelle de l’atténuation des GES, il faudrait comparer les coûts liés à la réduction accélérée des émissions à l’heure actuelle aux coûts des risques, à moyen et long terme, liés à des prises de décision tardives. (bon accord, mises en évidence nombreuses)
- Les résultats, peu nombreux et de portée limitée, des analyses intégrées des coûts et avantages des mesures d’atténuation indiquent que si ces derniers sont, dans l’ensemble, comparables en ampleur, ils ne permettent toutefois pas encore de déterminer avec certitude les modes d’émission ou le niveau de stabilisation pour lesquels les avantages excèderaient les coûts [3.5].
- L’évaluation intégrée des coûts et avantages économiques des différentes voies d’atténuation montre que la date et le niveau d’atténuation optimum sur le plan économique dépendent en grande partie de la forme et du caractère incertains de la courbe suivie par les dommages pécuniaires causés par les changements climatiques. Pour illustrer cette dépendance :
- une atténuation plus tardive et moins rigoureuse se justifie économiquement, si la courbe des dommages pécuniaires causés par les changements climatiques croît lentement et régulièrement sous bonne vigilance (ce qui augmente la possibilité de s’adapter en temps voulu);
- au contraire, une atténuation anticipée et plus rigoureuse serait économiquement justifiée, si la courbe des dommages pécuniaires causés par les changements climatiques s’incurvait brutalement vers le haut, ou si elle montrait des signes de non-linéarité (seuils de vulnérabilité ou probabilité, même infime, d’événements catastrophiques, par exemple) [3.6].
- La sensibilité du climat est le principal facteur d’incertitude des scénarios d’atténuation dont l’objectif est un niveau de température spécifique. Les études montrent que lorsque la sensibilité climatique est grande, la date et le niveau d’atténuation seront atteints plus rapidement et dans des conditions plus rigoureuses que lorsqu’elle est basse [3.5, 3.6].
- Les réductions d’émissions tardives entrainent des dépenses qui verrouillent les infrastructures à forte intensité d’émissions et les voies de développement. Un tel comportement limite sérieusement les opportunités d’atteindre des niveaux de stabilisation plus bas (comme indiqué au tableau RID.5) et risque d’aggraver les conséquences des changements climatiques [3.4, 3.1, 3.5, 3.6]