14 Lacunes dans les connaissances
Les lacunes dans les connaissances se rapportent à deux aspects de l’atténuation des changements climatiques :
- Lorsque des collectes de données, des modélisations et des analyses complémentaires permettraient de combler les lacunes dans les connaissances, et que le savoir plus complet qui en résulterait pourrait aider à la prise de décision sur les mesures et les politiques d’atténuation des changements climatiques ; dans une certaine mesure, ces lacunes se reflètent dans les incertitudes rapportées dans ce document.
- Lorsque la recherche et le développement permettraient d’améliorer les technologies d’atténuation et/ou en réduire les coûts. Cet aspect important n’est pas envisagé dans cette section, mais il est traité dans les chapitres pertinents.
Séries de données et projections d’émissions
Malgré la grande variété des sources et des bases de données sous-jacentes au présent rapport, il existe encore des lacunes pour disposer de données précises et fiables par secteur et par processus spécifique, spécialement en lien avec les GES non-CO2, avec le carbone noir ou le carbone organique, et par rapport au CO2 de différentes sources, comme la déforestation, la décomposition de la biomasse et les feux de tourbière. Un traitement cohérent des GES non CO2 dans les méthodologies qui sous-tendent les scénarios d’émissions futures de GES manque souvent [Chapitres 1 et 3]..
Liens entre les changements climatiques et les autres politiques publiques
L’une des innovations-clés du présent rapport est l’approche intégrée entre l’évaluation de l’atténuation des changements climatiques et des choix de développement plus larges, comme les impacts des politiques de développement (durable) sur les émissions de GES et vice versa.
Toutefois, il existe toujours un manque de mises en évidences empiriques de l’ampleur et de la direction de l’interdépendance et de l’interaction entre développement durable et changements climatiques, des relations de l’atténuation et de l’adaptation en liaison avec les aspects développementaux, et des implications de l’atténuation et de l’adaptation en termes d’équité. La littérature qui s’intéresse aux liens entre l’atténuation et le développement durable et, plus spécifiquement, sur la façon de capter les synergies et de minimiser les choix à faire, en prenant en compte les rôles de l’Etat, du marché et de la société civile, est encore mince. Il est nécessaire de procéder à de nouvelles recherches sur les liens entre changements climatiques et politiques nationales et locales (y compris, mais sans se limiter à la sécurité énergétique, l’eau, la santé, la pollution de l’eau, la foresterie, l’agriculture) qui pourraient aboutir à des résultats politiquement faisables, économiquement séduisants et bénéfiques d’un point de vue environnemental. Il serait aussi utile d’élaborer des modèles de développement potentiels que les nations et les régions peuvent mettre en place, ce qui fournirait les chaînons manquants entre la protection du climat et les questions de développement. L’inclusion de macro-indicateurs de développement durable qui peuvent suivre les progrès soutiendrait une analyse de ce genre [chapitres 2, 12 et 13].
Études des coûts et des potentiels
Les études des potentiels et des coûts d’atténuation dont ont dispose diffèrent par leur traitement méthodologique et ne couvrent pas l’ensemble des secteurs, des GES ou des pays. En raison de la différence entre leurs postulats, par exemple, par rapport aux valeurs de référence et à la définition des potentiels et des coûts, leur comparabilité est souvent limitée. De plus, le nombre d’études des coûts d’atténuation, des potentiels et des instruments pour les pays qui appartiennent aux Economies en transition et la plupart des régions en voie de développement est plus restreint que pour les pays développés et pour certains (grands) pays en voie de développement.
Le présent rapport compare les coûts et les potentiels d’atténuation en se basant sur des données ascendantes provenant d’analyses sectorielles, avec les données de coûts et de potentiels provenant de modèles intégrés dans une perspective descendante. La correspondance au niveau sectoriel est encore limitée, en partie à cause du manque de données ou de données incomplètes issues des études ascendantes, et de différences dans les définitions des secteurs et des postulats de référence. Des études intégrées qui intègrent des éléments ascendants et descendants sont nécessaires. [Chapitres 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10].
Une autre lacune importante concerne la compréhension des effets de débordement (les effets des mesures d’atténuation domestiques ou sectorielles sur d’autres pays ou secteurs). Les études indiquent une large amplitude (effets de fuite de la mise en place du protocole de Kyoto se situant entre 5 et 20% vers 2010), mais une base empirique fait défaut. Il serait utile de disposer d’études plus empiriques [chapitre 11].
La compréhension des futurs potentiels et coûts de l’atténuation ne dépend pas seulement de l’impact attendu de la R&D sur les caractéristiques de performance technologique, mais aussi sur “l’apprentissage technologique”, sur la diffusion et le transfert de technologie qui ne sont souvent pas pris en compte dans les études sur l’atténuation. Les études portant sur l’influence du progrès technologique sur les coûts de l’atténuation ont la plupart du temps une base empirique restreinte et sont souvent en contradiction.
La mise en place d’un potentiel d’atténuation peut se trouver en concurrence avec d’autres activités. Par exemple, les potentiels de la biomasse sont importants, mais il peut y avoir beaucoup de choix à faire avec la production vivrière, la foresterie ou la conservation de la nature. L’ampleur du déploiement possible de la biomasse à travers le temps est encore mal comprise.
En général, il subsiste un besoin constant de meilleure compréhension de comment les rythmes d’adoption de technologies d’atténuation climatique sont liés aux politiques nationales et régionales, qu’elles soient climatiques ou non, aux mécanismes du marché (investissements, évolution des préférences des consommateurs), au comportement humain et à l’évolution technologique, aux changements dans les systèmes productifs, au commerce et à la finance et aux arrangements institutionnels.