3.2.3 Évolution du climat au-delà du XXIe siècle
Le réchauffement anthropique et l’élévation du niveau de la mer devraient se poursuivre pendant des siècles en raison des échelles de temps propres aux processus et aux rétroactions climatiques, même si l’on parvenait à stabiliser les concentrations de GES. {GT I 10.4, 10.5, 10.7, RiD}
Si le forçage radiatif devait se stabiliser et si tous les agents de forçage radiatifs étaient maintenus constants aux niveaux correspondant aux scénarios B1 ou A1B en 2100, les simulations laissent entrevoir une augmentation supplémentaire de la température moyenne du globe d’environ 0,5 °C d’ici à 2200. En outre, la dilatation thermique entraînerait à elle seule une élévation du niveau de la mer de 0,3 à 0,8 m d’ici à 2300 (par rapport à 1980-1999). Elle se poursuivrait pendant plusieurs siècles, en raison du temps que met la chaleur pour atteindre les couches profondes de l’océan. {GT I 10.7, RiD}
Selon les projections, l’inlandsis groenlandais continuera de se rétracter et participera à l’élévation du niveau de la mer après 2100. D’après les modèles actuels, la perte de masse glaciaire due au réchauffement sera plus rapide que les gains dus à l’accroissement des précipitations, et le bilan de masse surfacique deviendra négatif (perte nette de glace) si le réchauffement moyen du globe dépasse 1,9 à 4,6 °C (par rapport à l’époque préindustrielle). Si ce bilan négatif se maintenait pendant des millénaires, l’inlandsis groenlandais disparaîtrait pour ainsi dire totalement, entraînant une élévation du niveau de la mer de quelque 7 m. Les températures correspondantes pour le Groenland (pour un réchauffement planétaire de 1,9 à 4,6 °C) devraient être comparables à celles qui ont caractérisé la dernière période interglaciaire il y a 125 000 ans, lorsque, selon les données paléoclimatiques disponibles, l’étendue des glaces terrestres avait diminué aux pôles et le niveau de la mer s’était élevé de 4 à 6 m. {GT I 6.4, 10.7, RiD}
Les processus dynamiques liés à l’écoulement de la glace – qui ne sont pas pris en considération dans les modèles actuels, mais qui sont mis en évidence par des observations récentes – pourraient accroître la vulnérabilité au réchauffement des nappes glaciaires et contribuer de ce fait à l’élévation du niveau de la mer. Toutefois, les avis divergent quant à l’ampleur de ces processus, qui sont encore mal compris. {GT I 4.6, 10.7, RiD}
Selon les études actuelles fondées sur des modèles globaux, a nappe glaciaire antarctique restera trop froide pour qu’une forte fonte puisse se produire en surface, et sa masse augmentera en raison de l’augmentation des chutes de neige. Cependant, une perte nette pourrait intervenir si l’ablation l’emportait sur l’accumulation dans le bilan de masse. {GT I 10.7, RiD}
Les émissions passées et futures de CO2 anthropique continueront à contribuer au réchauffement et à l’élévation du niveau de la mer pendant plus d’un millénaire, en raison des échelles de temps nécessaires pour que ce gaz disparaisse de l’atmosphère. {GT I 7.3, 10.3, figure 7.12, figure 10.35, RiD}
La figure 3.4 présente le réchauffement estimatif à long terme (sur plusieurs siècles) correspondant aux six catégories de scénarios de stabilisation élaborés par le Groupe de travail III pour le quatrième Rapport d’évaluation.