IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007
Rapport de synthèse

3.2.2 Évolution régionale du climat au XXIe siècle

Un degré de confiance plus élevé que dans le troisième Rapport d’évaluation est associé aux projections concernant les configurations du réchauffement et d’autres particularités de portée régionale, dont la modification des régimes du vent, des précipitations et de certains aspects des phénomènes extrêmes et des glaces de mer. {GT I 8.2, 8.3, 8.4, 8.5, 9.4, 9.5, 10.3, 11.1}

Les projections du réchauffement au XXIe siècle font apparaître des configurations géographiques indépendantes des scénarios qui sont analogues à celles observées ces dernières décennies. On s’attend que le réchauffement atteigne un maximum sur les terres émergées et aux plus hautes latitudes de l’hémisphère Nord et un minimum au-dessus de l’océan Austral (près de l’Antarctique) et dans la partie septentrionale de l’Atlantique Nord, dans la continuité des tendances récemment observées (partie droite de la figure 3.2). {GT I 10.3, RiD}

Projections relatives au réchauffement à la surface du globe selon plusieurs modèles de la circulation générale couplés atmosphère-océan

Figure 3.2

Figure 3.2. À gauche : Les courbes en trait plein correspondent aux moyennes mondiales multimodèles du réchauffement en surface (par rapport à la période 1980-1999) pour les scénarios A2, A1B et B1 du SRES, dans la continuité des simulations relatives au XXe siècle. La courbe orange correspond au cas où les concentrations se maintiendraient aux niveaux de 2000. Les barres au milieu de la figure indiquent les valeurs les plus probables (zone foncée) et les fourchettes probables selon les six scénarios SRES de référence pour la période 2090-2099 par rapport à 1980-1999. Ces valeurs et ces fourchettes tiennent compte des projections établies à l’aide des modèles de la circulation générale couplés atmosphère-océan (MCGAO) (partie gauche de la figure) ainsi que des résultats d’une hiérarchie de modèles indépendants et des contraintes liées à l’observation. À droite : Évolution projetée de la température en surface pour le début et la fin du XXIe siècle par rapport à la période 1980-1999, selon les projections moyennes obtenues à l’aide de plusieurs modèles MGCAO pour les scénarios A2 (en haut), A1B (au milieu) et B1 (en bas) du SRES, pour les décennies 2020-2029 (à gauche) et 2090-2099 (à droite). {GT I 10.4, 10.8 ; figures 10.28, 10.29, RiD}

Les projections font apparaître une diminution d’étendue de la couverture neigeuse, une augmentation d’épaisseur de la couche de dégel dans la plupart des régions à pergélisol ainsi qu’une diminution de l’étendue des glaces de mer dans l’Arctique et l’Antarctique, et cela pour tous les scénarios SRES. Selon certaines projections, les eaux de l’Arctique seraient pratiquement libres de glace à la fin de l’été d’ici la seconde moitié du XXIe siècle. {GT I 10.3, 10.6, RiD ; GT II 15.3.4}

Il est très probable que les épisodes de chaleur extrême, les vagues de chaleur et les épisodes de fortes précipitations deviendront plus fréquents. {RSY tableau 3.2 ; GT I 10.3, RiD}

Sur la base de plusieurs modèles, il est probable que les cyclones tropicaux (typhons et ouragans) deviendront plus intenses, avec une accélération des vitesses de pointe des vents et un accroissement des précipitations du fait de l’augmentation de la température à la surface des mers tropicales. C’est avec un degré de confiance moindre qu’on anticipe une diminution du nombre de cyclones tropicaux sur l’ensemble de la planète. L’augmentation manifeste du nombre de tempêtes très intenses depuis 1970 dans certaines régions est beaucoup plus marquée que ne le prévoient les simulations fondées sur les modèles actuels pour cette période. {GT I 3.8, 9.5, 10.3, RiD}

Selon les projections, la trajectoire des tempêtes extratropicales devrait se déplacer vers les pôles, ce qui modifiera le régime des vents, des précipitations et des températures, dans la continuité des tendances générales observées ces cinquante dernières années. {GT I 3.6, 10.3, RiD}

Depuis le TRE, on comprend mieux les configurations de précipitations obtenues par projection. Le volume des précipitations augmentera très probablement aux latitudes élevées, alors qu’il diminuera probablement dans la plupart des régions continentales subtropicales (d’environ 20 % en 2100 selon le scénario A1B – figure 3.3), dans la continuité des tendances observées récemment. {GT I 3.3, 8.3, 9.5, 10.3, 11.2-11.9, RiD}

Projections multimodèles des variations du régime des précipitations

Figure 3.3

Figure 3.3. Variations relatives du régime des précipitations (%) pour la période 2090-2099, par rapport à la période 1980-1999. Les valeurs indiquées sont des moyennes tirées de plusieurs modèles, obtenues à partir du scénario A1B du SRES pour des périodes allant de décembre à février (à gauche) et de juin à août (à droite). Les zones en blanc correspondent aux régions où moins de 66 % des modèles concordent sur le sens de la variation et les zones en pointillé à celles où plus de 90 % des modèles concordent sur celui-ci. {GT I figure 10.9, RiD}

Tableau 3.2. Exemples d’incidences possibles des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes associés aux changements climatiques, selon les projections visant la deuxième moitié du XXIe siècle. L’évolution de la capacité d’adaptation n’est pas prise en compte. Les probabilités indiquées dans la deuxième colonne concernent les phénomènes recensés dans la première colonne. {GT II tableau RID.1}

Phénomènea et évolution anticipée Probabilité de l’évolution future selon les projections établies pour le XXIe siècle sur la base des scénarios SRES Principales incidences anticipées par secteur 
Agriculture, foresterie et écosystèmes {GT II 4.4, 5.4} Ressources en eau {GT II 3.4} Santé {GT II 8.2, 8.4} Industrie, établissements humains et société {GT II 7.4} 
Journées et nuits froides moins nombreuses et moins froides, journées et nuits chaudes plus nombreuses et plus chaudes, sur la plupart des terres émergées Pratiquement certain b Hausse des rendements dans les régions froides, baisse dans les régions chaudes ; invasions d’insectes plus fréquentes Effets sur les ressources en eau tributaires de la fonte des neiges ; effets sur certaines sources d’approvisionnement Baisse de la mortalité humaine due au froid Baisse de la demande énergétique pour le chauffage, hausse pour la climatisation ; détérioration de la qualité de l’air urbain ; perturbations moins fréquentes des transports dues à la neige et au verglas ; effets sur le tourisme hivernal 
Périodes ou vagues de chaleur plus fréquentes sur la plupart des terres émergées Très probable Baisse des rendements dans les régions chaudes en raison du stress thermique ; risque accru d’incendies Hausse de la demande ; problèmes liés à la qualité de l’eau (prolifération d’algues, p. ex.) Risque accru de mortalité liée à la chaleur, surtout chez les personnes âgées, les malades chroniques, les très jeunes enfants et les personnes isolées Baisse de la qualité de vie des personnes mal logées dans les régions chaudes ; incidences sur les personnes âgées, les très jeunes enfants et les pauvres 
Fortes précipitations plus fréquentes dans la plupart des régions Très probable Perte de récoltes ; érosion des sols ; impossibilité de cultiver les terres détrempées Effets néfastes sur la qualité de l’eau de surface ou souterraine ; contamination des sources d’approvisionnement ; atténuation possible de la pénurie d’eau Risque accru de décès, de blessures, de maladies infectieuses, d’affections des voies respiratoires et de maladies de la peau Perturbation des établissements humains, du commerce, des transports et de l’organisation sociale lors des inondations ; pressions sur les infrastructures urbaines et rurales ; pertes matérielles 
Progression de la sécheresse Probable Dégradation des sols ; baisse des rendements ou perte de récoltes ; mortalité plus fréquente du bétail ; risque accru d’incendies Intensification du stress hydrique Risque accru de pénurie d’aliments et d’eau, de malnutrition, de maladies d’origine hydrique et alimentaire Pénurie d’eau dans les établissements humains, l’industrie et les collectivités ; baisse du potentiel hydroélectrique ; possibilité de migration des populations 
Augmentation de l’activité cyclonique intense Probable Perte de récoltes ; déracinement d’arbres par le vent ; dégâts causés aux récifs coralliens Perturbation de l’approvisionnement en eau lors des pannes de courant Risque accru de décès, de blessures et de maladies d’origine hydrique et alimentaire ; états de stress post-traumatique Perturbations causées par les inondations et les vents violents ; impossibilité de s’assurer auprès du secteur privé dans les zones vulnérables ; possibilité de migration des populations ; pertes matérielles 
Incidence accrue des épisodes d’élévation extrême du niveau de la mer (à l’exception des tsunamis) c Probable d Salinisation des eaux d’irrigation, des estuaires et des systèmes d’eau douce Diminution de la quantité d’eau douce disponible en raison de l’intrusion d’eau salée Risque accru de décès et de blessures lors des inondations ; effets sanitaires liés à la migration Coût de la protection du littoral par rapport au coût de la réaffectation des terres ; possibilité de déplacement des populations et des infrastructures ; voir aussi l’activité cyclonique (ci-dessus) 

Notes :

a) Les définitions exactes sont données au tableau 3.7 de la contribution du GT I au quatrième Rapport d’évaluation.

b) Élévation des valeurs extrêmes des températures diurnes et nocturnes relevées chaque année.

c) L’élévation extrême du niveau de la mer dépend du niveau moyen de la mer et des systèmes météorologiques régionaux. Elle correspond à la tranche supérieure (1 %) des valeurs horaires relevées à une station donnée pendant une période de référence.

d) Dans tous les scénarios, le niveau moyen de la mer anticipé en 2100 pour la planète est supérieur à celui de la période de référence. Les effets de l’évolution des systèmes météorologiques régionaux sur les épisodes d’élévation extrême du niveau de la mer ne sont pas pris en compte. {GT I 10.6}