3.4 Risque de changements brusques ou irréversibles
Le réchauffement anthropique pourrait avoir des conséquences brusques ou irréversibles, selon l’ampleur et le rythme de l’évolution du climat. {GT II 12.6, 19.3, 19.4, RiD}
On considère en général qu’un changement climatique brusque à l’échelle d’une ou de quelques décennies entraîne des variations de la circulation océanique. En outre, sur des échelles de temps plus longues, la modification des nappes glaciaires et des écosystèmes peut également avoir une incidence. Si un changement climatique brusque de grande ampleur devait intervenir, les conséquences pourraient en être très lourdes (voir le point 5.2). {GT I 8.7, 10.3, 10.7 ; GT II 4.4, 19.3}
L’ablation d’une partie des nappes glaciaires qui recouvrent les zones polaires et/ou la dilatation thermique des eaux océaniques sur des échelles de temps particulièrement longues pourraient faire monter de plusieurs mètres le niveau de la mer, modifier profondément la topographie des côtes et provoquer l’inondation des basses terres. Les effets seraient particulièrement marqués dans les deltas et sur les îles de faible altitude. Selon les modèles actuels, si le réchauffement planétaire devait se maintenir à 1,9-4,6 °C (par rapport à l’époque préindustrielle), de tels bouleversements devraient s’échelonner sur plusieurs millénaires, quoiqu’on ne puisse écarter la possibilité que le niveau de la mer s’élève plus rapidement que prévu en quelques siècles. {RSY 3.2.3 ; GT 6.4, 10.7 ; GT II 19.3, RiD}
Il est probable que les changements climatiques auront un certain nombre d’incidences irréversibles. Si le réchauffement moyen de la planète excédait 1,5 à 2,5 °C par rapport à 1980-1999, le risque d’extinction de 20 à 30 % des espèces recensées à ce jour serait probablement accru (degré de confiance moyen). Si la température s’élevait de plus de 3,5 °C environ, les modèles prévoient que 40 à 70 % des espèces recensées pourraient disparaître de la surface du globe. {GT II 4.4, figure RiD.2}
D’après les simulations actuelles, il est très probable que la circulation méridienne océanique accusera un ralentissement dans l’Atlantique au cours du XXIe siècle, sans pour autant que les températures cessent d’augmenter dans la région. Il est très improbable que la circulation méridienne océanique change brusquement pendant cette période. On ne peut prévoir avec un degré suffisant de confiance l’évolution à plus long terme. {GT I 10.3, 10.7 ; GT II figure, tableau RT.5, RiD.2}
Les changements importants et persistants de la circulation méridienne océanique auront probablement des effets sur la productivité des écosystèmes marins, la pêche, la fixation du CO2 dans les océans, la teneur en oxygène des océans et la végétation terrestre. Il est possible que la modification de l’absorption du CO2 par les terres et les océans ait un effet de rétroaction sur le système climatique. {GT II 12.6, 19.3, figure RiD.2}