IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007
Rapport de synthèse

4. Les possibilités d’adaptation et d’atténuation[14]

Les possibilités d’adaptation sont multiples, mais il est impératif d’intensifier l’action engagée si l’on veut réduire la vulnérabilité à l’égard des changements climatiques. Il existe des obstacles, des limites et des coûts que l’on ne cerne pas toujours parfaitement. {4.2}

Les sociétés se sont de tout temps adaptées aux conditions météorologiques et climatiques. Toutefois, davantage de mesures devront être prises pour réduire les répercussions de l’évolution et de la variabilité du climat et ce, indépendamment de l’ampleur des stratégies d’atténuation qui seront mises en œuvre dans les vingt à trente prochaines années. Plusieurs facteurs sont susceptibles d’amplifier la vulnérabilité à l’égard des changements climatiques, notamment la pauvreté, l’accès inégal aux ressources, l’insécurité alimentaire, la tendance à la mondialisation de l’économie, les conflits en cours et l’incidence de maladies telles que le VIH/SIDA, sans oublier les dangers climatiques déjà présents. {4.2}

On commence à prendre certaines mesures d’adaptation à une échelle limitée. L’adaptation peut atténuer la vulnérabilité, surtout si elle s’inscrit dans des initiatives sectorielles plus larges (tableau RiD.4). Certaines solutions intéressantes pourraient être mises en pratique à faible coût et/ou avec de grands avantages par rapport au coût dans divers secteurs (degré de confiance élevé). Toutefois, trop peu d’études ont tenté d’estimer l’ensemble des coûts et avantages des mesures d’adaptation. {4.2, tableau 4.1}

Tableau RiD.4. Exemples de mesures d’adaptation prévues par secteur. {Tableau 4.1}

Secteur Possibilité/stratégie d’adaptation Cadre d’action sous-jacent Principaux facteurs pouvant limiter ou favoriser la mise en œuvre  
Eau Extension de la collecte des eaux de pluie ; techniques de stockage et de conservation ; réutilisation ; dessalement ; méthodes efficaces d’utilisation et d’irrigation Politiques nationales de l’eau et gestion intégrée des ressources ; gestion des risques Obstacles financiers, humains et physiques ; gestion intégrée des ressources ; synergies avec d’autres secteurs 
Agriculture Modification des dates de plantation et des variétés cultivées ; déplacement des cultures ; meilleure gestion des terres (lutte contre l’érosion et protection des sols par le boisement, etc.) Politiques de R.-D. ; réforme institutionnelle ; régime foncier et réforme agraire ; formation ; renforcement des capacités ; assurance-récolte ; incitations financières (subventions, crédits d’impôt, etc.) Contraintes technologiques et financières ; accès aux nouvelles variétés ; marchés ; allongement de la période de végétation aux hautes latitudes ; recettes tirées des « nouveaux » produits 
Infrastructure/ établissements humains (y compris dans les zones côtières) Changement de lieu d’implantation ; digues et ouvrages de protection contre les ondes de tempête ; consolidation des dunes ; acquisition de terres et création de terrains marécageux/zones humides contre l’élévation du niveau de la mer et les inondations ; protection des obstacles naturels Normes et règlements intégrant dans la conception les effets des changements climatiques ; politiques d’utilisation des terres ; codes du bâtiment ; assurance  Obstacles financiers et technologiques ; difficultés de réimplantation ; politiques et gestion intégrées ; synergies avec les objectifs du développement durable 
Santé Plans de veille sanitaire pour les vagues de chaleur ; services médicaux d’urgence ; surveillance et contrôle accrus des maladies sensibles au climat ; salubrité de l’eau et assainissement Politiques de santé publique tenant compte des risques climatiques ; renforcement des services de santé ; coopération régionale et internationale Seuils de tolérance humaine (groupes vulnérables) ; connaissances insuffisantes ; moyens financiers ; amélioration des services de santé ; meilleure qualité de vie  
Tourisme Diversification des attractions et des recettes touristiques ; déplacement des pentes de ski à plus haute altitude et vers les glaciers ; production de neige artificielle Planification intégrée (capacité d’accueil ; liens avec d’autres secteurs, etc) ; incitations financières (subventions, crédits d’impôt, etc.) Demande et mise en marché de nouvelles attractions ; problèmes financiers et logistiques ; effets potentiellement négatifs sur d’autres secteurs (p. ex. consommation accrue d’énergie pour la production de neige artificielle) ; recettes tirées des « nouvelles » attractions ; élargissement du groupe des parties prenantes 
Transports Harmonisation/réimplantation ; normes de conception et planification des routes, voies ferrées et autres éléments d’infrastructure en fonction du réchauffement et des impératifs de drainage Politiques nationales des transports intégrant les effets des changements climatiques ; investissement dans la R.-D. sur des conditions particulières (zones à pergélisol, etc.) Obstacles financiers et technologiques ; absence de trajets moins exposés ; amélioration des technologies et intégration avec des secteurs essentiels (p. ex. l’énergie) 
Énergie Renforcement des réseaux aériens de transport et de distribution ; enfouissement des câbles ; efficacité énergétique ; recours aux sources d’énergie renouvelables ; réduction de la dépendance à l’égard d’une seule source d’énergie Politiques énergétiques nationales, règlements, incitations fiscales et financières au profit d’autres formes d’énergie ; normes de conception intégrant les effets des changements climatiques Difficultés d’accès à des solutions de rechange viables ; obstacles financiers et technologiques ; degré d’acceptation des nouvelles technologies ; stimulation des nouvelles technologies ; utilisation des ressources locales 

Note :

Les systèmes d’alerte précoce font partie des options envisagées dans de nombreux secteurs.

La capacité d’adaptation, intimement liée au développement socioéconomique, est inégalement répartie entre les sociétés et au sein de ces dernières. {4.2}

Plusieurs obstacles freinent la mise en œuvre des mesures d’adaptation ou nuisent à leur efficacité. La capacité de s’adapter est un processus dynamique qui est en partie fonction de la base de production dont dispose une société donnée : ressources naturelles et moyens économiques, réseaux et programmes sociaux, capital humain et institutions, mode de gouvernement, revenu national, santé et technologie. Même les sociétés dotées d’une grande capacité d’adaptation restent vulnérables à l’évolution et à la variabilité du climat ainsi qu’aux extrêmes climatiques. {4.2}

Selon les études ascendantes et descendantes réalisées à ce jour, il existerait un potentiel économique appréciable d’atténuation des émissions mondiales de GES pour les prochaines décennies, qui pourrait neutraliser la hausse prévue de ces émissions ou les ramener sous les niveaux actuels (large concordance, degré élevé d’évidence) (figures RiD.9, RiD.10).[15] Les résultats des deux types d’études concordent à l’échelle du globe (figure SRiD.9), mais des écarts considérables existent entre les secteurs. {4.3}

Comparaison du potentiel économique mondial d’atténuation et de l’augmentation prévue des émissions en 2030

Figure RiD.9

Figure RiD.9. Potentiel économique mondial d’atténuation estimé en 2030 à partir d’études ascendantes (diagramme a) et descendantes (diagramme b), en comparaison de l’augmentation anticipée des émissions selon différents scénarios SRES par rapport aux niveaux de 2000, soit 40,8 Gt équiv.-CO2 (diagramme c). Note : Par souci de cohérence avec les résultats des scénarios SRES, les émissions de GES en 2000 ne comprennent pas les rejets issus de la décomposition de la biomasse aérienne qui subsiste après une coupe forestière ou un déboisement, ni ceux issus de la combustion de tourbe et des sols tourbeux asséchés. {Figure 4.1}

Potentiel économique d’atténuation par secteur en 2030 selon des études ascendantes

Figure RiD.10

Figure RiD.10. Potentiel économique d’atténuation estimé par secteur en 2030 selon des études ascendantes, relativement aux bases de référence utilisées pour l’évaluation des divers secteurs. Le potentiel indiqué ne comprend pas les options non techniques, telle la modification des modes de vie. {Figure 4.2}

Notes :

a) Les lignes verticales représentent la fourchette du potentiel économique mondial estimé pour chaque secteur. Les émissions sont attribuées selon l’usage final ; ainsi, les rejets produits par la consommation d’électricité sont imputés aux secteurs utilisateurs et non au secteur de l’approvisionnement énergétique.

b) L’estimation des potentiels a été rendue difficile par le nombre limité d’études, notamment pour des prix élevés du carbone.

c) Les bases de référence diffèrent selon le secteur. Pour l’industrie, on a utilisé celle du scénario B2 du SRES et, pour l’approvisionnement énergétique et les transports, celle du scénario WEO 2004. Dans le cas des bâtiments, la base de référence se situait entre celles des scénarios B2 et A1B du SRES. Pour le secteur des déchets, on a établi la base de référence à partir des forces motrices du scénario A1B du SRES. Enfin, dans le cas de l’agriculture et de la foresterie, les bases de référence reposaient essentiellement sur les forces motrices associées au scénario B2.

d) Les chiffres de l’aviation internationale étant inclus, seuls figurent les totaux mondiaux pour le secteur des transports.

e) Les catégories exclues sont : les émissions de gaz autres que le CO2 (bâtiments et transports), une partie des options visant le rendement des matériaux, la production de chaleur et la cogénération (approvisionnement énergétique), les véhicules utilitaires lourds, le traffic maritime et les transports de passagers à fort taux d’occupation, la plupart des options coûteuses (bâtiments), le traitement des eaux usées, la réduction des rejets des mines de charbon et des gazoducs, les gaz fluorés (approvisionnement énergétique et transports). La sous-estimation du potentiel économique total qui en résulte est de l’ordre de 10 à 15 %.

Aucune technologie ne permettra, à elle seule, de réaliser tout le potentiel d’atténuation dans quelque secteur que ce soit. Le potentiel économique, qui est généralement supérieur au potentiel de marché, ne pourra se concrétiser que si les politiques voulues sont en place et les obstacles levés (tableau RiD.5). {4.3}

Tableau RiD.5. Exemples des principales technologies d’atténuation, des politiques et mesures connexes et des conditions favorables ou défavorables à leur application, par secteur. {Tableau 4.2}

Secteur Principales technologies et méthodes d’atténuation déjà sur le marché. Principales technologies et méthodes d’atténuation qui devraient être commercialisées d’ici 2030 (italique) Politiques, mesures et instruments ayant fait la preuve de leur efficacité sur le plan de l’environnement Principales conditions favorables (italique) ou défavorables 
Approvision-nement énergétique Amélioration de la production et de la distribution ; passage du charbon au gaz ; énergie nucléaire ; sources d’énergie renouvelables (hydroélectricité, énergie solaire et éolienne, géothermie, bioénergie) ; cogénération ; premières applications de la technique de piégeage et de stockage du dioxyde de carbone (PSC) (p. ex. stockage du CO2 extrait du gaz naturel) ; PSC dans les centrales électriques fonctionnant au gaz, à la biomasse et au charbon ; énergie nucléaire de pointe ; énergies renouvelables de pointe, y compris l’énergie marémotrice et houlomotrice, l’énergie solaire concentrée et photovoltaïque Réduction des subventions visant les combustibles fossiles; taxes sur les combustibles fossiles ou redevances sur le carbone  La résistance des intérêts en place peut rendre l’application difficile 
Droits préférentiels pour les technologies basées sur les énergies renouvelables ; obligation d’utiliser les énergies renouvelables ; subventions aux producteurs Peut aider à créer un marché pour les technologies moins polluantes 
Transports Véhicules offrant un meilleur rendement énergétique ; véhicules hybrides ; véhicules diesel moins polluants ; biocarburants ; passage du transport routier au transport ferroviaire et au transport en commun ; modes de déplacement non motorisés (bicyclette, marche) ; aménagement du territoire et planification des transports ; biocarburants de deuxième génération ; aéronefs plus performants ; véhicules électriques et hybrides de pointe dotés de batteries plus puissantes et plus fiables Économie obligatoire de carburant ; mélange de biocarburants ; normes de CO2 pour le transport routier L’efficacité peut être limitée si tout le parc automobile n’est pas visé 
Taxes à l’achat, l’enregistrement et l’utilisation de véhicules ; taxes sur les carburants ; tarification du réseau routier et du stationnement L’efficacité peut être moindre si les revenus sont élevés 
Réduction des déplacements par l’aménagement du territoire et la planification de l’infrastructure ; investissement dans des installations de transport en commun pratiques et dans les modes de déplacement non motorisés Convient particulièrement aux pays qui commencent à mettre en place leurs systèmes de transport 
Bâtiments Efficacité de l’éclairage et utilisation de la lumière naturelle ; meilleur rendement des appareils électriques et des systèmes de chauffage et de climatisation ; amélioration des cuisinières et de l’isolation ; utilisation active et passive de l’énergie solaire pour le chauffage et la climatisation ; fluides réfrigérants de substitution, récupération et recyclage des gaz fluorés ; conception intégrée des bâtiments commerciaux comprenant des techniques de contrôle et de rétroaction, tels les compteurs intelligents ; énergie solaire photovoltaïque intégrée aux bâtiments Normes et étiquetage des appareils Nécessité de revoir régulièrement les normes  
Codes du bâtiment et certification Intéressant pour les bâtiments neufs. L’application peut se révéler difficile 
Programmes de gestion de la demande Réglementation requise pour que les entreprises de services publics puissent en bénéficier 
Initiatives du secteur public, y compris par les achats Les achats du secteur public peuvent accroître la demande de produits à haut rendement énergétique 
Aide aux sociétés de services énergétiques Facteur de succès : accès au financement par des tiers 
Industrie Équipement électrique (utilisation finale) plus efficace ; récupération de la chaleur et de l’énergie ; recyclage et remplacement des matériaux ; maîtrise des émissions de gaz autres que le CO2 ; multitude de technologies adaptées aux différents procédés ; efficacité énergétique améliorée ; PSC dans les usines de production de ciment, d’ammoniaque et de fer ; électrodes inertes pour la fabrication d’aluminium Établissement de données de référence ; normes de rendement ; subventions, crédits d’impôt Peut stimuler l’adoption de nouvelles technologies. La politique nationale doit être stable pour préserver la compétitivité à l’échelle internationale 
Permis échangeables Mécanismes d’attribution prévisibles et signaux de stabilité des prix pour les investissements 
Accords volontaires Facteurs de succès : objectifs précis, scénario de référence, contribution de tiers à la conception et à l’examen, règles formelles de suivi, coopération étroite entre le secteur public et privé 
Agriculture  Meilleure gestion des terres arables et des pâturages afin de favoriser la fixation du carbone dans les sols ; remise en état des sols tourbeux cultivés et des terres dégradées ; amélioration de la riziculture et gestion du bétail et du fumier de manière à réduire les rejets de CH4 ; amélioration de l’épandage d’engrais azotés afin d’abaisser les émissions de N2O ; culture de variétés destinées à remplacer les combustibles fossiles ; meilleure efficacité énergétique ; hausse du rendement des cultures Incitations financières et règlements visant à améliorer la gestion des terres ; maintien de la teneur en carbone des sols ; utilisation efficace des engrais et de l’irrigation Peut favoriser les synergies avec le développement durable et la réduction de la vulnérabilité à l’égard des changements climatiques, surmontant ainsi les obstacles à la mise en œuvre 
Foresterie/forêts Boisement ; reboisement ; gestion forestière ; recul du déboisement ; gestion des produits forestiers et utilisation à la place des combustibles fossiles ; amélioration des essences afin d’accroître la productivité de la biomasse et la fixation du carbone ; affinement des techniques de télédétection servant à analyser le potentiel de fixation du carbone dans la végétation ou les sols et à cartographier les changements d’affectation des terres Incitations financières (échelle nationale et internationale) visant à accroître la superficie boisée, ralentir le déboisement et préserver et gérer les forêts ; adoption et application de règlements sur l’utilisation des terres Manque de capitaux d’investissement et questions relatives aux régimes fonciers. Peut contribuer à réduire la pauvreté 
Déchets Récupération du CH4 sur les sites d’enfouissement ; incinération des déchets avec récupération d’énergie ; compostage des matières organiques ; traitement contrôlé des eaux usées ; recyclage et minimisation des déchets ; couvertures et filtres biologiques destinés à optimiser l’oxydation du CH4 Incitations financières visant à améliorer la gestion des déchets et des eaux usées Peut stimuler la diffusion des technologies 
Incitations financières ou obligation d’utiliser les énergies renouvelables Possibilité de se procurer localement des combustibles bon marché 
Réglementation de la gestion des déchets Application très efficace au niveau national par le biais de stratégies coercitives 

Selon les études ascendantes, les possibilités d’atténuation dont le coût net est négatif pourraient réduire les émissions de quelque 6 Gt équiv.-CO2/an en 2030, à condition d’analyser et d’éliminer les obstacles à la mise en œuvre. {4.3}

Les décisions concernant les investissements dans l’infrastructure énergétique, qui devraient excéder 20 billions[16] de dollars É.-U. entre 2005 et 2030, auront une incidence à long terme sur les émissions de GES en raison de la durée de vie des centrales et autres immobilisations. De nombreuses décennies pourraient s’écouler avant que les technologies faisant peu appel au carbone soient largement exploitées, même dans l’éventualité où des mesures rendraient les investissements initiaux plus intéressants. Selon les premières estimations, il faudrait remettre profondément en question les choix effectués en matière d’investissement pour que, d’ici 2030, les émissions globales de CO2 dues au secteur énergétique soient ramenées aux niveaux de 2005, alors même que le surcoût net ne devrait guère excéder 5 à 10 % du total des investissements. {4.3}

Les gouvernements peuvent mettre en œuvre un large éventail de politiques et d’instruments destinés à stimuler l’atténuation, mais les possibilités d’application dépendent des circonstances nationales et du secteur visé (tableau RiD.5). {4.3}

Parmi ces moyens figurent les politiques climatiques qui doivent être intégrées dans les politiques de développement, les règlements et normes, les taxes et redevances, les permis négociables, les incitations financières, les accords volontaires, les outils d’information et les travaux de recherche, développement et démonstration. {4.3}

Un signal fort concernant le prix du carbone pourrait concrétiser une part appréciable du potentiel d’atténuation dans tous les secteurs. Selon les études de modélisation, si la tonne d’équivalent-CO2 valait 20 à 80 $ É.-U. en 2030, la stabilisation interviendrait aux alentours de 550 ppm d’équiv.-CO2 en 2100. Il est possible, au même niveau de stabilisation, que les changements technologiques induits ramènent cette fourchette à 5–65 $ É.-U. en 2030[17]. {4.3}

Des avantages connexes peuvent découler rapidement des mesures d’atténuation (par exemple l’amélioration de la santé grâce à la réduction de la pollution de l’air) et compenser une bonne partie des coûts encourus (large concordance, degré élevé d’évidence). {4.3}

L’action engagée par les Parties visées à l’annexe I de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est capable d’infléchir l’économie mondiale et les émissions globales, mais l’ampleur des transferts d’émissions de carbone demeure incertaine (large concordance, degré moyen d’évidence).[18] {4.3}

Comme le mentionnait le troisième Rapport d’évaluation, les pays exportateurs de combustibles fossiles (qu’ils soient ou non visés à l’annexe I de la CCNUCC) doivent s’attendre à un recul de la demande et des prix et à un ralentissement de la croissance du produit intérieur brut (PIB) sous l’effet des mesures d’atténuation. L’étendue de ces répercussions dépend largement des hypothèses retenues quant aux politiques adoptées et à la conjoncture du marché du pétrole. {4.3}

La modification des modes de vie, des comportements et des pratiques de gestion peut concourir à atténuer les effets de l’évolution du climat dans l’ensemble des secteurs (large concordance, degré moyen d’évidence). {4.3}

La coopération internationale peut contribuer de bien des manières à réduire les émissions mondiales de GES. Parmi les résultats les plus remarquables de l’action menée au titre de la CCNUCC et du Protocole de Kyoto figurent l’élaboration d’une réponse mondiale face aux changements climatiques, l’adoption d’une panoplie de politiques nationales et la création d’un marché international du carbone et de mécanismes institutionnels sur lesquels pourront s’appuyer les efforts futurs (large concordance, degré élevé d’évidence). Les questions d’adaptation sont en outre mieux prises en compte dans le cadre de la CCNUCC, et l’on envisage de prendre d’autres initiatives internationales. {4.5}

L’intensification de la coopération et l’expansion des mécanis-mes axés sur le marché abaisseront les coûts à engager pour atteindre un niveau d’atténuation donné ou augmenteront les effets bénéfiques pour l’environnement. On peut envisager, par exemple, la fixation d’objectifs d’émissions, l’exécution d’actions sectorielles, locales, infranationales et régionales, la mise en œuvre de programmes de recherche, développement et démonstration, l’adoption de politiques communes, la mise en place de stratégies de développement et l’élargissement des mécanismes de financement. {4.5}

Dans plusieurs secteurs, il est possible de créer des synergies sans nuire à d’autres dimensions du développement durable. De fait, les décisions concernant les politiques d’ordre macroéconomique et d’autres politiques non climatiques peuvent avoir une incidence notable sur les taux d’émission, la capacité d’adaptation et la vulnérabilité à l’égard des changements climatiques. {4.4, 5.8}

Les mesures prises aux fins d’un développement plus durable peuvent accroître les capacités d’atténuation et d’adaptation, faire reculer les émissions et réduire la vulnérabilité, mais des obstacles peuvent s’opposer à leur mise en œuvre. Pourtant, il est très probable que les changements climatiques risquent de ralentir les progrès accomplis sur la voie du développement durable. Ils pourraient d’ailleurs empêcher la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement au cours du prochain demi-siècle. {5.8}

  1. ^  L’adaptation et l’atténuation sont étudiées séparément ici, bien que ces mesures puissent être complémentaires. La question est analysée dans la section 5.
  2. ^  La notion de potentiel d’atténuation a été forgée dans le but d’évaluer l’ampleur des réductions de GES qu’il serait possible d’atteindre, par rapport à des niveaux de référence, pour un prix donné du carbone (exprimé en coût par unité d’émissions d’équivalent-CO2 évitée ou réduite). On distingue le potentiel d’atténuation « de marché » et le potentiel d’atténuation « économique ».
  3. ^  20 billions = 20 000 milliards = 20 x 1012.
  4. ^  Dans les études évaluées dans le présent rapport, les mesures d’atténuation et les coûts macroéconomiques sont analysés au moyen de modèles descendants. La plupart de ces modèles examinent l’éventail des possibilités en fonction du moindre coût global, sur la base d’un échange universel des droits d’émission et en supposant une transparence des marchés, la gratuité des transactions et, par conséquent, une application optimale des options d’atténuation tout au long du XXIe siècle. Les coûts sont donnés pour une date pécise. Si des régions, des secteurs (par exemple, l’utilisation des terres), des options ou des gaz sont exclus, les coûts globaux modélisés augmentent. Ils baissent au contraire si l’on prend des bases de référence plus basses, si l’on affecte les recettes provenant des taxes sur le carbone et de l’échange des permis et si l’on intègre l’apprentissage technologique induit. Ces modèles ne tiennent compte ni des effets bénéfiques des changements climatiques ni, en général, des avantages connexes découlant des mesures d’atténuation, ni des questions d’équité. On parvient beaucoup mieux aujourd’hui à inclure dans les études de stabilisation les approches basées sur les changements technologiques induits, mais plusieurs difficultés conceptuelles demeurent. Lorsque ces changements sont pris en considération, les coûts projetés pour atteindre un niveau de stabilisation donné sont moindres ; la réduction est encore plus importante aux niveaux de stabilisation inférieurs.
  5. ^  Le point 4 du Rapport de synthèse donne davantage d’explications à ce sujet.